Quant aux familles de harkis qui ont pu gagner la France, leur enfermement dans des camps en marge du reste de la société française, leur traitement différent des autres rapatriés, apparaît comme la continuation de leur situation d’indigènes colonisés. Depuis plus de quarante ans, les harkis, leur femme et leurs enfants vivant en France sont Français et sont souvent victimes de discriminations au même titre que les autres Français issus de l’immigration. Ils veulent vivre comme citoyens français à part entière, dignement, en hommes et en femmes libres dans une société française diversifiée, tout en gardant avec leur pays et leur société d’origine des relations fondées sur le respect et la dignité.
Issus du peuple algérien, ils ont partagé une partie de son histoire et ont encore des attaches très fortes en Algérie qui demeure la terre de leurs origines et de leurs ancêtres. Ils y sont liés, en dépit de toutes les tragédies auxquelles ils ont été mêlés.
A cet effet, ils s’engagent à mener auprès des dirigeants et des sociétés des deux pays les actions nécessaires pour panser les blessures et apaiser les cœurs et les consciences.
Ils souhaitent que les autorités françaises reconnaissent la tragédie qu’elles ont fait vivre à ces hommes et leur famille en les abandonnant alors que son devoir était de les mettre à l’abri de vengeances prévisibles étant donné la violence de cette guerre, en les traitant de manière discriminatoire par rapport aux autres Français d’Algérie et en les enfermant dans des camps dans lesquels ils ont vécu en parias.
Ils souhaitent que les autorités algériennes mettent fin à la diabolisation, aux maltraitances, au mépris et aux condamnations faciles qui ne tiennent pas compte de la situation infernale dans laquelle l’état de guerre avait plongé le peuple algérien. Que le gouvernement algérien exprime ses regrets quant au massacre des harkis. Ils demandent que les harkis et leurs enfants, en raison des attaches familiales très fortes qu’ils ont conservées en Algérie, puissent y revenir, y circuler sans entraves et s’y établir librement. Et qu’enfin ceux d’entre eux qui le souhaitent puissent trouver une sépulture dans la terre de leurs ancêtres.
Paris, le 4 mars 2006