Communiqué Anafé
De très graves allégations de violences policières ont été recueillies par l’Anafé sur le renvoi de quatre Congolais et d’un Camerounais depuis la zone d’attente de Roissy Charles de Gaulle. Ces cinq étrangers venus séparément se sont vu refuser l’admission en France, après une demande d’asile pour trois d’entre eux. Les témoignages précis font état des conditions dans lesquelles ils ont tous été traités, samedi 19 février, par l’escorte policière chargée de les conduire à l’avion qui devait les acheminer à Libreville pour quatre d’entre eux, à Bangui pour le cinquième.
Avant même d’embarquer dans la camionnette qui devait les conduire jusqu’à l’avion, ces cinq personnes (deux femmes et trois hommes) disent avoir été menottées les bras dans le dos, et ligotées aux chevilles et aux cuisses.
Une des deux femmes se serait vu refuser la possibilité d’aller aux toilettes avant ce ligotage. Cette jeune femme, B.L, affirme avoir subi des violences et des injures de la part d’une policière, qui lui aurait donné des gifles et des coups de pieds avant de lui cogner la tête contre les parois du camion. Une fois arrivée sur le tarmac, elle aurait été soulevée et jetée à terre depuis la camionnette. Comme elle hurlait, les policiers l’auraient dans un premier temps maîtrisée en se jetant sur elle et en s’asseyant sur son dos pour lui maintenir la tête entre leurs jambes, avant de décider de la renvoyer en zone d’attente.
Les trois autres Congolais ont été portés dans l’avion, remis à des policiers gabonais chargés de les escorter jusqu’à l’arrivée.
K.M, criait qu’elle avait mal aux poignets. Les policiers gabonais auraient pris la décision de la coller au siège et auraient demandé aux policiers français de leur fournir du scratch. Ils auraient ensuite, parce qu’elle ne se taisait pas, commencé à lui donner des gifles et des coups de poing. Ce n’est que sur l’intervention du commandant de bord, qui s’est opposé à l’embarquement de la jeune femme sur son vol, que ces agissements auraient cessé et que les quatre personnes ont été débarquées pour être ramenées en zone d’attente, non sans avoir subi de nouvelles violences dans la camionnette.
Le médecin de la zone d’attente a établi un certificat médical de deux pages, attestant des nombreuses violences subies par K.M, qu’il a décrite comme « psychologiquement très choquée et physiquement percluse de douleurs de l’ensemble du corps l’empêchant de se lever sans aide de son lit et marchant à très petit pas ». Il a également prononcé une incapacité totale de travail (au sens pénal) de 15 jours.
Si, sur la base de ces témoignages et de ce certificat médical accablant, une plainte a été déposée auprès du procureur de la République, il est peu probable que K.M et ses compagnons d’infortune en connaissent les suites. Car dès le 21 février, coupant court à toute possibilité de réaction, la PAF l’expulsait à Libreville avec trois d’entre eux. Le quatrième, W.E, est en attente de départ imminent. Il est très choqué par ce qu’il dit avoir subi, dont il a longuement parlé à l’Anafé, et s’est également fait établir un certificat médical qui atteste de traumatismes patents.
Une fois de plus, malgré des certificats médicaux et des saisines du procureur de la république, les autorités ont ouvertement fait « disparaître » les traces d’agissements graves commis par des policier