Communiqué commun LDH-FIDH-OCDH
Depuis le mois de juillet 2004, M Patrick Gaubert, président de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA) et député européen, ne cesse de faire pression sur les familles des victimes du Beach au Congo pour qu’elles abandonnent les poursuites intentées en France contre plusieurs responsables du régime de M. Denis Sassou Nguesso. Il rejoint en cela l’attitude du Parquet général de Paris, placé sous l’autorité du Garde des Sceaux lequel appartient à la même formation politique que M. Gaubert.
Le 6 juillet 2004, à l’occasion d’une visite à la section de la LICRA au Congo, M. Patrick Gaubert a déclaré au journal Tam-Tam d’Afrique « qu’on ne savait pas qui sont les disparus », que M. Denis Sassou Nguesso « souhaite que cette affaire vienne effectivement d’une manière définitive sur la place publique dans une transparence totale » et il en concluait que « l’ensemble de cette affaire se résout d’une manière tout à fait démocratique ».
Alertée par son organisation affiliée au Congo, l’Observatoire congolais des droits de l’Homme, la FIDH a exprimé, par une lettre en date du 15 novembre 2004, ses regrets face à un comportement qui conduit le président de la LICRA à cautionner la parodie de justice et de démocratie qui se déroule au Congo et à mettre en danger tous ceux qui, dans ce pays, luttent pour le respect des droits de l’Homme et l’établissement d’un Etat de droit.
M. Patrick Gaubert n’a pas cru devoir répondre à cette lettre mais, en revanche, a poursuivi ses pressions pour que les familles des disparus acceptent la compétence de la justice congolaise, arguant de la bonne foi de M. Denis Sassou Nguesso, de l’indépendance de la justice congolaise, et du fait que le pourvoi actuellement à l’examen de la Cour de cassation n’aurait aucune chance d’aboutir.
La FIDH, l’OCDH et la LDH ont dénoncé à plusieurs reprises la procédure engagée au Congo, qui vise avant tout à obtenir le dessaisissement de la justice française. La préparation d’un procès à Brazzaville semble aujourd’hui s’accelérer. Le gouvernement congolais aurait même entamé le recrutement d’avocats au profit des suspects.
De retour au Congo, M. Patrick Gaubert a renouvelé encore une fois ses pressions à l’égard des familles et de l’OCDH, dont il a souhaité recevoir des représentants et avec lesquels il s’est entretenu le 1er mars 2005. Les parents, surpris par le fait que la LICRA, qui a pourtant une section au Congo depuis 2001, surgit aujourd’hui pour régenter les parties civiles au profit de la procédure congolaise, ont réaffirmé leur souhait prioritaire de savoir ce que sont devenus leurs enfants. Or ils n’ont pu que constater la connaissance très superficielle du dossier du président de la LICRA.
La FIDH, et ses organisations affiliées, l’OCDH et la LDH, ainsi que le Collectif des parents des disparus du Beach de Brazzaville, toutes parties civiles dans la procédure suivie en France, dénoncent l’attitude de M. Patrick Gaubert. Le président de la LICRA, au-delà même de la caution donnée au régime de M Denis Sassou Nguesso, fait fi des mécanismes contre l’impunité qui permettent aux victimes, dans certaines conditions, d’obtenir justice ailleurs que dans leur pays en poursuivant les auteurs de crimes contre l’Humanité et de tortures.
Paris, le 2 mars 2005