Communiqué de la FIDH, de la plateforme Euromed et du réseau Euromed
La Fédération Internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH), la plateforme non gouvernementale euromed et le Réseau Euromed des droits de l’Homme (REMDH) ont envoyé une mission au Liban qui s’est déroulée du 11 au 17 août 2006. Cette mission avait pour but de manifester sa solidarité à la société civile libanaise et d’apprécier la situation.
Elle a pu rencontrer de nombreuses organisations de la société civile libanaise, plusieurs représentants des agences de l’ONU et diverses personnalités.
Elle remercie les organisations libanaises qui l’ont fraternellement accueilli et avec une efficacité que la mission veut souligner.
Elle se félicite de la proclamation du cessez le feu et du respect de celui-ci tout en regrettant que plus d’un mois ait été nécessaire pour mettre un terme aux combats. Elle s’inquiète d’une reprise éventuelle des combats.
Les membres de la mission ont pu constater, en premier lieu, l’extraordinaire élan de solidarité qui a traversé la société libanaise, indépendamment de toute distinction confessionnelle. Alors qu’environ un million de personnes ont été contraintes d’abandonner leurs domiciles, ce qui représente près du quart de la population, la société civile libanaise a pu offrir à ces réfugiés l’aide et l’assistance nécessaire avant même que les aides internationales puissent arriver.
Les membres de la mission ont aussi pu constater l’ampleur des destructions commises par l’armée israélienne : destruction des ponts (plus de 75 ponts détruits selon les autorités), destruction des centrales électriques et d’industries, y compris agro-alimentaires, bombardements des habitations civiles ayant conduit à la disparition de villages entiers ou, à Beyrouth, de plusieurs quartiers, pollution environnementale de la mer comme des terres, etc.
Plus de 1.300 morts civils sont la conséquence de ces actions militaires, étant toutefois souligné que ce bilan ne pourra que s’aggraver au fur et à mesure que les décombres seront déblayés.
De plus, plusieurs cas de bombardements de convois civils et de véhicules sanitaires ont été évoqués.
Rappelant que l’attaque des populations civiles et la destruction volontaire des infrastructures civiles constituent, pour toutes les parties impliquées dans ce conflit, une violation flagrante du droit international humanitaire, nos organisations estiment qu’il est impératif qu’une commission d’enquête internationale examine les faits et puisse déterminer les responsabilités encourues. Les auteurs de ces violations graves du droit international humanitaire doivent être sanctionnés et les victimes de ces agissements doivent pouvoir obtenir réparation.
Il convient, enfin, de saluer la volonté de la société civile libanaise de mettre en œuvre collectivement, d’ores et déjà, les moyens nécessaires à établir la réalité des faits. Nos organisations appellent à soutenir cette initiative et à y participer.
La communauté internationale doit trouver les moyens nécessaires à la reconstruction du Liban. Au-delà de l’évidente solidarité, il s’agit d’un devoir à l’égard du peuple libanais qui a subi un mois durant des violations de ses droits les plus élémentaires.
Nos organisations sont convaincues que le dialogue entre toutes les sociétés civiles de cette région du monde reste une des conditions essentielles de la paix à laquelle aspirent les peuples du Moyen-Orient.
Paris, Copenhague le 22 août 2006