Communiqué FIDH, LDH, OCDH (Observatoire congolais des droits de l’Homme)
La Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et ses ligues membres en France, la Ligue française des droit de l’Homme et du citoyen (LDH), et en République du Congo, l’Observatoire congolais des droits de l’Homme (OCDH), se félicitent de voir l’instruction dans l’affaire des « disparus du Beach » de Brazzaville se poursuivre devant les juridictions françaises, suite à l’arrêt de la Cour de cassation rendu le 9 avril 2008.
La FIDH, la LDH et l’OCDH relèvent d’abord avec satisfaction le rejet par la Cour de cassation du pourvoi formé par les avocats de la défense des personnes poursuivies, dont le général Norbert Dabira. La Cour motive sa décision par la prise en compte de trois éléments importants:
· l’application de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants adoptée le 10 décembre 1984,
· l’application du code de procédure pénale français, en particulier de son article 689-1, permettant de poursuivre toute personne soupçonnée d’actes de torture si elle se trouve sur le territoire français,
· et la validité du réquisitoire introductif du Parquet ayant permis l’ouverture de l’information judiciaire.
Nos organisations relèvent aussi que la Cour de cassation n’a pas pris en compte pour l’instant le moyen tiré de l’autorité de la chose jugée. Il s’agit d’un argument soulevé par la défense, faisant valoir que les personnes visées par la procédure en France, ont déjà été jugées et acquittées à l’issue d’un procès tenu à Brazzaville à l’été 2005, ne respectant nullement les normes du procès équitable, et considéré de façon quasi unanime comme étant une véritable mascarade1.
La FIDH, la LDH et l’OCDH notent, en outre, que la Cour de cassation, si elle a confirmé l’annulation des actes concernant Jean-François Ndengue, directeur de la police nationale, à l’occasion de sa venue en France, a retenu des motifs purement formels de vice de procédure sans pour autant admettre l’immunité alléguée de M. Ndengue.
« La Cour de cassation confirme ainsi que la justice française est compétente pour poursuivre les auteurs de crimes commis qui ont conduit au massacre de plus de 350 personnes au Beach de Brazzaville en avril et mai 1999. Il faut maintenant continuer le combat pour permettre aux victimes d’obtenir enfin justice », a déclaré Patrick Baudouin, président d’honneur de la FIDH et avocat des parties civiles.
1Voir le Communiqué de presse du 18 août 2005 « Procès des ’disparus du Beach’ de Brazzaville : des crimes sans auteurs ! »: http://www.fidh.org/spip.php?article2630; et la Note de la position du 9 novembre 2007 « Evaluation du procès de Brazzaville par les familles des « disparus du Beach », la procédure en France doit continuer ! »: http://www.fidh.org/spip.php?article4881
Paris, le 10 avril 2008