Voilà que, de nouveau, des sans-papiers ont engagé une grève de la faim. Ils sont 13 à la Cathédrale de Créteil. Comme il y a plus de deux ans à Saint-Bernard, comme avant l’été au Temple des Batignolles. Partout, à travers le pays se multiplient les actions.
La Ligue des droits de l’homme avait espéré, en demandant la création d’une instance de recours après le rejet massif de plus de 70 000 demandes, ouvrir une voie pour qu’il soit mis un terme à une crise insupportable et qui s’éternise. La commission créée par le gouvernement auprès du ministre de l’intérieur ne répondait pas à nos attentes parce qu’elle n’avait qu’une fonction de conseil et que, quelque soit la bonne volonté qu’elle a manifestée et ses efforts pour progresser dans la recherche d’une solution juste, elle n’avait pas de pouvoirs.
Les deux circulaires du mois d’août qui devaient assouplir la situation ont ajouté encore à la confusion juridique et politique. Les préfectures sont débordées. Chacun sait que l ’expulsion massive des dizaines de milliers de personnes qui ont déposé un dossier mais dont la régularisation a été refusée est impensable sauf à recourir aux immondes méthodes nazies préconisées par l’extrême-droite. Ces personnes sont donc maintenues dans une situation précaire, sans droits, avec toutes les conséquences qu’une telle situation induit, livrées à l’arbitraire de décisions d’expulsion au coup par coup.
Il faut avoir le courage de mettre un terme à une situation aussi intolérable dans un Etat de droit. Le gouvernement n’a plus d’autre perspective pour se sortir de l’impasse dans laquelle il s’est engagé avec obstination que de régulariser non pas – comme il feint de l’entendre – tous les étrangers en situation irrégulière, mais tous ceux qui en ont fait la demande à l’occasion de l’opération de régularisation mise en place en juin 1997.