Ainsi donc, selon le Premier ministre, les irresponsables seraient ceux qui à l’intérieur ou à l’extérieur de son gouvernement osent aujourd’hui demander la régularisation des sans-papiers qui en ont fait la demande. Il n’hésite pas à recourir à une calomnie, réservée jusqu’à présent à la droite musclée. Il accuse ceux qui apportent leur soutien aux grévistes de la faim, de les avoir manipulés et poussés à recourir à cette arme ultime des désespérés.
Comme le gouvernement ne peut expulser soixante mille personnes, il laisse à l’arbitraire des vérifications d’identité au faciès ou des choix préfectoraux le soin d’expulser au coup par coup un certain nombre de ces irréguliers. Ils ne sont plus des clandestins parce qu’ils ont fait confiance aux autorités de la gauche arrivant au pouvoir après une campagne électorale aux élans généreux. Bien peu répondront aux propositions du projet de ’ co-développement ’. La plupart resteront.
’ Peut-on traîner cela encore des années ? ’ dit le cynique mais réaliste Charles Pasqua. Qui est irresponsable ? Ceux qui ne cessent de chercher une solution qui permette de sortir dignement d’une situation dramatique ou ceux qui claquent les portes avec mépris ? Qui est démagogue, ceux qui parlent des droits et des principes ou ceux qui croient devoir se réfugier derrière une opinion secouée par la crise, l’insécurité et les discours racistes de l’extrême droite ? Il est urgent aujourd’hui d’écouter ceux qui veulent renouer les fils de la confiance et non de les rejeter avec condescendance. Il n’est pas d’autre issue à la crise que d’ouvrir le dialogue.