Communiqué de la LDH
Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, est le seul chef d’Etat africain invité de la Conférence de l’Assemblée des régions d’Europe (ARE) le 31 mars, à Limoges. Il doit y parler de l’importance de l’engagement des collectivités afin de répondre aux défis nationaux et internationaux posés par les changements climatiques. Alors que Nicolas Sarkozy rentre d’une brève tournée africaine, la LDH dénonce la survivance de la « françafrique » dont le président burkinabé est l’un des plus sinistres fleurons.Blaise Compaoré, président du Burkina Faso, est le seul chef d’Etat africain invité par la Conférence de l’assemblée des régions d’Europe (Are). Il doit y parler de « l’importance de l’engagement des collectivités afin de répondre aux défis nationaux et internationaux posés par les changements climatiques », le 31 mars, à Limoges…
La LDH rappelle à cette occasion l’état des droits de l’Homme au pays de Monsieur Compaoré, tel que le décrivait Chrysogone Zougmoré, président du Mouvement burkinabé des droits de l’Homme et des peuples, le 5 mai 2008 : « L’on ne saurait aujourd’hui se satisfaire de la situation des droits humains chez nous au Burkina, parce que justement nous sommes, petit à petit, en train de semer les germes de crises sociopolitiques aiguës, avec la paupérisation grandissante et aggravée de larges couches de nos populations des villes et campagnes, l’impunité de nombreux crimes de sang dont l’odieux assassinat de Norbert Zongo et de ses compagnons, la perversion du jeu démocratique par la fraude, la corruption électorale, les abus de pouvoirs et d’autorité, bref l’impossibilité de fait d’un changement véritable. »
Blaise Compaoré a pris le pouvoir par la force en 1987 au Burkina Faso. Régulièrement « réélu » président de la République pour un premier septennat en 1991, un second en 1998, puis un quinquennat en 2005. Après modification de la Constitution en 1991, puis en 1997, puis en 2000 et 2002, Blaise Compaoré contrôle d’une main de fer toute la vie politique, économique et sociale de son pays, n’hésitant pas à envoyer la troupe contre ceux qui s’opposent à lui : étudiants en juin 2008, syndicats, ONG, partis politiques. Il y a plus de onze ans que le journaliste Norbert Zongo a été assassiné sans que lumière ait été faite et justice rendue sur ce crime.
De nombreuses organisations de la société civile dénoncent en outre la corruption qui, jusqu’au sommet de l’Etat et à son entourage familial, gangrène l’économie et la société de ce pays. Des actions sont engagées en France contre Blaise Compaoré concernant un patrimoine immobilier et mobilier situé dans l’hexagone, qui semble avoir été acquis dans des conditions peu transparentes. Le Burkina Faso compte un peu plus de treize millions d’habitants et se retrouve en queue de classement de l’Indice de développement humain du Pnud. Mais comme l’indique le curriculum vitae de Blaise Compaoré sur le site de la présidence burkinabé (relayé par celui de la présidence de la République française), le Président « aime les animaux sauvages », comme en témoigne en effet le zoo privé de sa résidence de Ziniaré dont on suppose bien entendu qu’il l’entretient sur ses deniers personnels.
On ne peut dans ces conditions que s’étonner du choix peu exemplaire sur le plan démocratique qu’a fait l’Association des régions d’Europe pour donner la parole à un représentant du continent africain.
Alors que Nicolas Sarkozy rentre d’une brève tournée africaine, la LDH partage la revendication de la société civile burkinabé (MBDHP, Rencal…) qui demande que cesse la corruption, que soient élucidés les nombreux crimes de sang qui jalonnent la présidence de Monsieur Compaoré, et que soient respectés les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels des citoyens burkinabé.
Paris, le 30 mars 2009