Par Françoise Dumont, membre du Comité central de la LDH
Lorsqu’en juin dernier l’Afev, les Cemea, les Francas, la Ligue de l’enseignement et la LDH ont créé le collectif « Liberté, égalité, fraternité », leur objectif était de fédérer un maximum d’organisations autour de leurs inquiétudes et de leurs espoirs. Il s’agissait aussi de nourrir le débat public pour contrer les thématiques réactionnaires qui sèment la haine, opposent et divisent.
L’objectif est aujourd’hui en partie atteint dans la mesure où plus d’une soixantaine d’organisations sont venus les rejoindre, mais ce mouvement d’élargissement doit continuer, nationalement et localement. Il n’en reste pas moins que ce qui a poussé ces cinq organisations a lancé une telle initiative est toujours aussi pertinent. Oui, la situation est dangereuse parce qu’elle s’alimente chaque jour des difficultés économiques et sociales croissantes que, depuis trente ans, les gouvernements successifs semblent impuissants à résoudre. Si on pouvait douter de ces difficultés, il suffirait de se référer au dernier rapport du Secours catholique, qui enregistre une augmentation des familles pauvres et notamment des enfants pauvres… Constat particulièrement cruel au moment où l’on s’apprête à fêter les vingt-cinq ans de la Convention internationale des droits de l’enfant (Cide).
Face à ces difficultés, tout un discours d’exclusion se banalise dans la rue, dans la bouche de certains responsables politiques, dans les têtes aussi. Il aboutit à ce que des catégories entières de la population se voient montrer du doigt, parce que Roms, parce que chômeurs, parce que musulmans… Souvent les actes rejoignent la parole : des maires multiplient les arrêtés liberticides, des documentalistes se voient sommés de « nettoyer » leurs étagères…
Plus que jamais, notre pays a besoin de donner corps aux valeurs de la République. C’est pourquoi le Collectif entend faire barrage à la haine, à la xénophobie, aux discriminations, en construisant un élan démocratique, au service de l’intérêt général, dans la réhabilitation de la morale publique en politique, en faisant vivre l’égalité et la justice sociale.
Localement, de nombreux collectifs ont déjà vu le jour et s’adressent à l’opinion publique, là où ils sont, en prenant appui sur ce qui existe déjà. Avec le Collectif national, ils ont décidé d’organiser les 21 et 22 novembre une grande initiative nationale à Paris. Ce sera l’occasion de débattre collectivement des difficultés rencontrées, mais aussi des multiples pistes susceptibles de construire des résistances quotidiennes et citoyennes. Cet événement a aussi pour vocation de rassembler, de faire la lumière sur les alternatives à la pensée d’extrême droite, laquelle va bien au-delà du seul Front national.