Sortie le 4 mars 2015
Festival International du Film de Locarno 2014 – Mention spéciale Jury des Jeunes Festival International du Film d’Amiens 2014 – Prix de la Mise en Scène
Avec ce nouveau film déjà auréolé de prix, Fernand Melgar poursuit un passionnant et riche travail d’investigation centré sur l’accueil des migrants en Suisse. Avec La Forteresse (2008), il s’intéressait aux conditions d’accueil des demandeurs d’asile ; avec Vol spécial (2013), il entrait dans un centre de détention administrative et s’intéressait aux conditions dans lesquelles des migrants déboutés sont renvoyés dans le pays d’origine. Cette fois, il filme un hiver au cœur d’un hébergement d’urgence pour sans-abris, à Lausanne. A la porte de ce souterrain situé loin du centre-ville, se déroule chaque soir le même rituel d’entrée qui donne lieu à des bousculades parfois violentes. Le personnel a la lourde tâche de « trier les pauvres » : femmes et enfants d’abord, hommes ensuite ; ce sont essentiellement des migrants, beaucoup d’hommes célibataires venus d’Afrique, essentiellement subsaharienne, de familles roms aux nombreux enfants et, de plus en plus, de travailleurs pauvres venus d’Europe, particulièrement d’Espagne, à la recherche d’un travail… On ne sort pas indemne de la vision de ce film qui nous confronte « à toute la misère du monde ». La force dénonciatrice du documentaire provient en partie de l’identification avec les employés du centre qui, chaque soir, « trient » les « heureux élus ». A l’exception du directeur qui défend ce système qui n’admet que cinquante personnes alors que la capacité d’accueil est de cent places (et au nom du fait que cela créerait un appel d’air), les employés se demandent qui ils sont pour trier ainsi les gens qui se présentent, et font preuve du peu d’humanité qu’il leur est possible de manifester dans ces conditions. Le spectateur est aussi associé à la mise en place d’un système qui organise ce tri afin de le rendre plus facile à gérer. Il est question selon le directeur d’aménager un enclos, ce qui soulève l’objection d’un employé qui soupire « ce n’est pas du bétail ». Et pour ceux qui sont à l’abri pour la nuit, le film montre combien les conditions qui leur sont faites sont déshumanisantes. Le réalisateur s’attache aussi à quelques individualités pour nous faire ressentir ce que vivent ces exclus du système. Lorsque la porte se referme, les non-admis vont dormir dehors avec un duvet fourni par le centre pour tout viatique. C’est un film « noir », à voir de toute urgence, pour dénoncer l’inhumanité de notre monde.
L’Abri
Documentaire, Suisse, 2014
Réalisation : Fernand Melgar
Production : Climage
Distribution : Dissidenz Films
Durée : 1h41
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Distribution et programmation : info@dissidenzfilms.com