Le bulletin n°46 d’avril 2010, du groupe de travail « Chine » de la LDH est paru. Comme l’ensemble de ses prédécesseurs, il est disponible en ligne sur le présent site à la rubrique « Groupes de travail ». C’est un outil unique d’information et de réflexion. Bonne lecture ! Vous lirez ici directement l’article éditorial de ce bulletin.Visite du Président français. Réconciliation sur quoi ?
Le président français ne s’était pas entièrement conformé aux injonctions chinoises de ne pas rencontrer le dalai lama ; il avait ménagé une entrevue en douce à l’étranger. C’était encore trop, assurèrent les dirigeants chinois. Cette rencontre méritait bien une fâcherie, voire le refus de signer quelques contrats.
Il suffit maintenant de redire que « le Tibet fait partie de la Chine » et tout va mieux. Mais est-ce bien le fonds de l’affaire ? Les États-unis, l’Allemagne fédérale et d’autres pays ont reçu officiellement le chef spirituel tibétain sans qu’il y ait eu besoin de mettre en place un processus de réconciliation. Parce qu’ils sont plus riches et plus puissants que la France ? C’est possible mais c’est insuffisant. Car la diplomatie française se réclame des Droits de l’Homme mais, à quelques
exceptions près, montre une échine très souple dès qu’on lui fait les gros yeux. Connaissant depuis longtemps cette peur française de se fâcher avec plus gros que soi, les dirigeants chinois s’en servent adroitement. Ils feignent de s’irriter sur le Tibet et dénoncent les menées « séparatistes », choisissant ainsi le terrain sur lequel ils gagnent à tous coups.
En effet, si justifiées que soient les revendications autonomistes ou
indépendantistes tibétaines, elles ne sont reprises par aucune capitale étrangère. L’accueil réservé partout au Dalai Lama est avant tout l’expression d’un respect pour la qualité, la dignité et la ténacité d’un homme qui a traversé bien des péripéties et recherché constamment les voies d’un compromis. Agiter le chiffon rouge sur la question tibétaine arrange bien la direction chinoise. On obtient ainsi une réconciliation apaisante sur un différend qui ne se posait pas vraiment. Et l’on escamote les questions qui se posent non à quelque six millions de Tibétains humiliés, maltraités et dépossédés mais à plus d’un milliard d’hommes qui n’ont pas le droit de s’organiser librement ou de choisir leur représentant, qui n’ont ni presse libre, ni syndicat digne de ce nom et pour qui toute expression dissidente entraîne un risque de détention.
Le président français s’est rendu à une exposition dont ont été écartés, par condamnation à rééducation ou à emprisonnement, par détention provisoire, par assignation à résidence, par éloignement administratif, tous ceux qui auraient pu troubler la fête, sans parler des dix-huit mille ménages qui ont déguerpi pour laisser la place aux pavillons. On espère que ses conseillers lui en ont donné quelque idée.
Comment un tel État, qui par ailleurs traite durement les autres minorités, pourrait-il résoudre la question tibétaine ? les avocats chinois qui se proposent pour défendre les Tibétains emprisonnés l’exaspèrent et il incarcère les militants qui suggèrent l’évolution vers un État fédéral. Prétendre qu’on s’est réconcilié avec la Chine à propos d’une visite du Dalai Lama, c’est parler d’un accord dont il n’était guère besoin et laisser de côté tous les points essentiels pour lesquels luttent et sont réprimés les militants des droits civiques de toutes les nationalités de Chine.
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Bulletin Chine n°46