Sortie le 21 octobre 2015
Parallèlement au film, dont l’auteur de l’histoire originale est Julien Lilti, un livre sort le 23 septembre aux éditions Actes Sud.
Adama, 12 ans, vit dans un village isolé d’Afrique de l’Ouest. Au-delà des falaises, s’étend le Monde des souffles. Là où règnent les Nassaras. Une nuit, Samba, son frère aîné, disparaît. Adama, bravant l’interdit des anciens, décide de partir à sa recherche. Il entame, avec la détermination sans faille d’un enfant devenant homme, une quête qui va le mener au-delà des mers, au nord, jusqu’aux lignes de front de la Première Guerre mondiale. Nous sommes en 1916.
Cette histoire est traitée à la façon d’un conte et présente un dénouement heureux. Le film qui bénéficie du label Jeune public AFCAE (Association française des cinémas d’art et essai) est présenté pour tout public à partir de 8 ans. Il nécessite toutefois, pour les plus jeunes, un accompagnement car, s’il s’agit bien d’un conte, le contexte historique est traité de façon suffisamment réaliste (tout particulièrement en ce qui concerne les images du front et celles des soldats gazés) pour impressionner des spectateurs néophytes.
Le jeune héros, guidé par une quête éperdue de son grand frère qu’il veut ramener au village, traverse mille péripéties historiquement réalistes mais dont il se sort miraculeusement par la grâce du conte. Ainsi le scénariste évoque-t-il avec justesse la mobilisation de jeunes Africains ignorants du sort qui les attendait : servir de chair à canon sur les champs de bataille, en l’occurrence Verdun ; et paradoxalement, le retour miraculeux du jeune héros et de son frère au pays des ancêtres nous fait ressentir encore plus fortement la cruauté et l’inhumanité du sort de ces jeunes recrues.
C’est donc un film à la force d’évocation manifeste que tous les pré-ados et plus devraient découvrir afin de connaître ce pan par trop méconnu de notre Histoire. Entre magie et hyperréalité, tradition et modernisme, ce film, qui nous rappelle que la Première Guerre mondiale fut un épisode crucial de la rencontre entre Européens et Africains, peut contribuer à changer notre regard sur la relation que nous entretenons avec les immigrés issus de ce continent.
Le film possède une vraie dimension artistique ; son originalité et sa beauté proviennent notamment d’une fabrication qui a consisté à mêler, sans tabous, art traditionnel, en l’occurrence la sculpture, et technologie numérique. De même que pour représenter le chaos de la guerre, l’auteur a fait appel à des procédés innovants. Enfin, la musique a, elle aussi, été très travaillée. Le haut niveau de créativité ainsi convoqué a été rendu possible par l’unicité du lieu de création sur l’île de la Réunion et par la mobilisation d’intervenants de toutes origines (européenne, africaine, chinoise, malgache, malaise, indienne et annamite).
Nous voyons tout avec les yeux de l’enfant découvrant un monde inconnu. Le film ne prétend pas faire une analyse historique mais sa puissance émotionnelle est telle qu’il peut toucher tous les publics. A recommander chaudement.
Adama, le Monde des souffles
Animation, France, 2015
Durée : 1h22
Réalisation : Simon Rouby
Histoire originale : Julien Lilti
Production : Naia Productions – Pipangaï – France 3 cinéma – Albatros Productions
Distribution : Océans Films
Facebook : adama.lefilm