La Mixité sociale à l’école
Choukri Ben Ayed
Armand Colin, avril 2015
224 pages, 22,50 €
Par Gérard Aschieri, rédacteur en chef d’Hommes & Libertés
La mixité sociale à l’école est aujourd’hui un thème récurrent, et pourtant cette nécessité reconnue ne donne lieu à aucune politique publique cohérente et résolue. Il est important d’en voir les causes et les conséquences pour réfléchir à ce qu’il conviendrait de faire. Tel est le projet de Choukri Ben Ayed, dans ce livre remarquable.
Il commence à montrer combien l’école de Jules Ferry n’avait en rien une telle préoccupation. La notion même de mixité sociale n’a été introduite que tardivement, sans qu’il n’existe de consensus sur son contenu. Ainsi il recense au moins six conceptions différentes, induisant des choix et conséquences différents. Il souligne ensuite combien la mesure de la mixité sociale est complexe et nous apprend qu’il n’existe pas, aujourd’hui, d’indicateurs pour celle-ci : une absence significative. Le livre consacre alors à l’analyse des politiques conduites ces dernières années deux importants chapitres, solidement étayés et documentés, avec un long développement sur les mesures prises par Nicolas Sarkozy. Il montre ce qui les a caractérisées : l’importance de plus en plus grande accordée au local sans aucun cadrage national, l’enchevêtrement des compétences entre Etat et collectivités, la transformation du rôle de l’enseignement privé. Le résultat est un accroissement non maîtrisé des ségrégations scolaires.
L’auteur considère que « l’identification des blocages permet précisément de réunir les contours d’une nouvelle politique ». Elle doit d’abord relever de l’Etat : abrogation de la réforme de N. Sarkozy, limitation de l’autonomie des établissements et de la concurrence qu’elle induit, traitement spécifique de l’enseignement privé… avec une politique nationale de sectorisation et d’affectation accompagnée d’outils d’analyse pour les acteurs locaux, et des moyens conséquents pour les secteurs les plus en difficulté.
Quand on interroge Choukri Ben Ayed, il dit ne pas avoir voulu écrire un livre pour allonger la liste des publications savantes, mais un livre utile. L’objectif est atteint.