Edito de Françoise Dumont, présidente de la LDH
Le mois de septembre restera marqué par la situation complètement nouvelle créée par un afflux de réfugiés qui constitue le plus grand exode que l’Europe ait connu depuis la Seconde Guerre mondiale. Une Europe qui aura beaucoup tergiversé avant de se décider à parler d’accueil à propos de ces hommes, ces femmes et ces enfants qui, dans leur grande majorité, fuient des pays en proie aux pires exactions. Malgré les compromis intervenus entre les différents pays de l’Union, gardons bien en tête que les discours qui en appellent à la fermeture ou à la « fermeté », l’une nourrissant l’autre, n’ont pas manqué et vont se poursuivre.
Pour sa part, la France s’apprête à accueillir vingt-six mille réfugiés sur deux ans. Rapporté à l’ensemble de la population du pays, le nombre est dérisoire, au vu des moyens dont notre pays dispose. Cette timidité, pour ne pas dire plus, alimente à sa manière l’audace de l’extrême droite et de la droite extrême, promptes à entonner avec plus de virulence encore leurs refrains xénophobes, élections régionales obligent, et à agiter sans vergogne le spectre hideux d’une invasion imminente.
Ce contexte confère à la LDH d’immenses responsabilités. Il lui revient de réaffirmer avec force que l’asile est un droit non négociable, mais aussi que ces réfugiés doivent rapidement accéder à l’ensemble des droits sociaux qui offrent à tout individu la garantie de vivre « dignement ». Nous avons pris des initiatives en ce sens, mais nous devons exiger que la mise en place de dispositifs concrets et pérennes réponde à la gravité et à l’urgence de la situation. Il lui revient corrélativement de rappeler avec force que les droits des uns ne sont jamais exclusifs du droit des autres et que toute opposition de principe entre migrants est un piège tendu à la démocratie, comme tous les discours qui attisent la haine et le rejet de l’Autre.
La lutte contre le racisme et l’antisémitisme sera l’objet de notre prochaine université d’automne, et ce n’est pas un hasard. Ce choix place la Ligue au cœur même des débats politiques autour des questions de solidarité et d’égalité. La nécessité de porter un coup d’arrêt à l’escalade raciste valide notre stratégie de rassemblement pour dénoncer toutes les formes de démagogie qui alimentent le rejet, l’exclusion et les barbaries qu’ils préparent.
Depuis sa création, la LDH entend être un acteur incontournable de la défense de l’indivisibilité et de l’effectivité des droits. Parce que les mois qui viennent s’annoncent rudes, c’est plus que jamais notre feuille de route, avec l’exigence de faire vivre ces droits au plus près du terrain, en étant vigilants à la diversité des situations rencontrées et en sachant prendre en compte l’émergence de nouveaux défis. Notre implication, pleine et entière, dans la préparation de la COP 21 en est d’ailleurs l’illustration.