Une main-d’œuvre trop importante ? Et pourtant, toute une série de secteurs n’arrivent pas à recruter à la hauteur de leurs besoins, à cause des problèmes d’information, de formation et de pénibilité non reconnue de certains métiers, ainsi que du versement de salaires trop faibles. Ainsi, 40% des bassins d’emploi connaissent des difficultés de recrutement quand 20% sont en situation chronique de chômage.
Et cette situation n’a aucun rapport avec la supposée concurrence entre les travailleurs français et étrangers. Celle-ci est un faux problème donc la solution ne réside pas dans l’exclusion d’une population au bénéfice d’une autre, mais bien dans l’engagement d’une politique de réformes structurelles axée sur la formation et la qualification ainsi que sur le niveau de rémunération qui permettrait de rendre plus attractifs certains métiers. Revaloriser les conditions de travail dans les domaines du bâtiment ou du service à la personne permettrait ainsi à chaque travailleur de pouvoir faire le choix de s’engager dans ces métiers.
Pour l’économiste El Mouhoub Mouhoud (1), cette absence de réflexion politique n’encourage pas les travailleurs nationaux à les choisir, et pousse les travailleurs immigrés à s’installer là où leurs réseaux leur permettent de trouver du travail. Tant que ce débat social et économique sera occulté, l’extrême droite pourra toujours le ramener sur le seul terrain de la « priorité nationale ».
(1) In Témoignage chrétien, n°3568, décembre 2013.
Texte extrait du livre En finir avec les idées fausses propagées par l’extrême droite, de Pierre-Yves Bulteau (disponible ici : HTTP://BIT.LY/1NQFBMP)