Derrière cette notion de « mélange ethnique » se cache une idée de pureté qui n’est qu’un fantasme. Jamais une identité n’a été fondée sur le sang et encore moins sur la couleur de peau. Il est donc temps de tordre le cou à cette idée de pureté définie par Arthur de Gobineau. Pour ce diplomate français du XIXe siècle, le « mélange ethnique » a un « effet de décadence » entraînant forcément la « chute des civilisations » (1). Cette affirmation est en effet constamment démentie par les faits.
En voici quelques exemples : les échecs ont été promus par des Arabes (« al cheikh mat » veut dire « le roi est mort »), le poivre vient d’Asie, le jazz des Noirs Américains, Marie Curie qui a découvert la radioactivité était polonaise avant de devenir française, la grande chanteuse et danseuse noire Joséphine Baker, devenue française en 1937, est née aux Etats-Unis, Missak Manouchian, résistant au nazisme et mort pour la France, était Arménien. Plus près de nous, Georges Charpak, prix Nobel de physique en 1992, est né en Pologne, Zinedine Zidane, vainqueur de la coupe du monde de football en 1998 avec la France, a des parents algériens.
On pourrait continuer longtemps une énumération qui montre que la France s’est construite et continue de se construire avec des apports provenant de multiples cultures et de multiples pays. C’est ce mélange, et non la préservation d’une prétendue pureté identitaire, qui fait sa richesse.
(1) Arthur de Gobineau, Essai sur l’inégalité des races humaines, Paris, Didot, 1855.
Texte extrait du livre En finir avec les idées fausses propagées par l’extrême droite, de Pierre-Yves Bulteau (disponible ici : HTTP://BIT.LY/1NQFBMP)