Communiqué de la LDH de Perpignan et des Pyrénées Orientales
Perpignan serait-elle une ville en péril, pour se voir visitée d’une manière express par le Ministre de l’Intérieur, tout juste après des opérations « coups de poing » à Grenoble, avant celles de la région parisienne, et en annonçant 29 (donc plus d’une par jour !) opérations similaires à Perpignan d’ici fin août ? Tout cela n’a pas de sens, sinon de nous habituer à ces descentes de police, bottée, cagoulée et casquée, au petit matin, en lieu et place d’une procédure normale d’enquête de la Police Nationale. Avec des mots relevant du vocabulaire de la guerre : « menaces, offensives, occupation du terrain, mobilisation des forces de l’Etat, …. »
Toujours les mêmes recettes, bien connues : pour faire oublier les affaires politico-judiciaires au plus haut niveau de l’Etat, pour faire oublier la relégation vers la pauvreté d’une population de plus en plus nombreuse, on détruit les politiques sociales de prévention et on instrumentalise la peur – peur de l’insécurité, des « violences urbaines », de la « dangerosité » de la jeunesse, des étrangers, des habitants des quartiers pauvres, des personnes dont le mode de vie dérangerait.
Et pourtant, la délinquance à Perpignan recule, les faits divers impliquant de la violence ne sont ni plus ni moins importants qu’ailleurs, ni terrorisme ni le grand banditisme ne peuvent y être invoqués, fort heureusement. La grande inquiétude évoquée par les commerçants du Centre Ville n’est-elle pas surtout liée à la situation économique en berne ? A force de mettre l’éclairage sur Perpignan et sa supposée dangerosité, n’est-ce pas le meilleur moyen de lui donner une image « repoussoir » ? Comment des élus locaux peuvent-ils s’empresser de relayer cette vision négative ? Alors que des fêtes s’y déroulent tout au long de l’année en toute tranquillité, et qu’il s’y produit, comme ailleurs, des actes de convivialité et de solidarité entre habitants et entre générations.
Sondages contradictoires, confusion des annonces du gouvernement, réprobations des propos sarkozystes venant de nombreux pays et de l’ONU : ce qui est à l’œuvre dans cette démarche du gouvernement ne s’inscrit pas dans le débat légitime, dans une démocratie, sur la manière d’assurer la sûreté républicaine. Le nécessaire respect de l’ordre public n’a pas à être utilisé pour créer des distinctions entre les habitant-es du pays et du département, et désigner des boucs émissaires. C’est pourquoi la LDH 66 a participé à la rédaction du communiqué du Collectif des Gitans et Gens du Voyage des PO, ainsi qu’à leur conférence de presse du 5 Août dernier.
La Ligue des Droits de l’Homme 66 appelle à un sursaut républicain, et se solidarisera avec toute initiative appelant à réagir, entre autres autour d’une manifestation le samedi 4 septembre, afin de fêter dignement le 140e anniversaire d’une République que nous voulons plus que jamais, libre, égale et juste.
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