Communiqué de presse du vendredi 13 août 2010
Il y a quelques mois, un collectif s’est créé à Montpellier afin de venir en aide aux familles roms installées dans des conditions précaires sur le territoire de l’agglomération.Nous venons de constater que la préfecture de l’Hérault vient de procéder à l’évacuation de 2 de ces camps le mardi 10 août, quand les acteurs associatifs sont les moins nombreux.
Ce collectif ne peut que s’élever avec la plus ferme détermination contre cette négation caractérisée des droits de l’homme.
En effet :
– la préfecture ne s’est aucunement souciée du relogement durable des personnes (hormis les trois jours réglementaires), en particulier pour les enfants mineurs dont certains sont des bébés (l’un d’eux présentant une pathologie nécessitant une surveillance en continue);
– la préfecture ne s’est pas inquiétée d’expulser des enfants scolarisés, qui bien sûr sont en vacances, mais auront les plus grandes difficultés à reprendre leur études à la rentrée ce qui augmentera leurs difficultés, déjà grandes, d’intégration ;
– il n’y a certes pas eu de violence physique, mais quelle violence psychologique pour de jeunes enfants que d’être réveillés à 6 heures du matin par des CRS casqués et bottés. Quel souvenir mémoriseront-ils du regard que la société porte sur eux !
La date de l’autorisation préfectorale de cette « opération » était le 5 août 2010, soit le lendemain de la réunion interministérielle sur le sujet, où il a été demandé aux préfets d’augmenter le nombre d’expulsions de camps de roms.
Nous constatons que cette exigence du Président de la République a été faite à la suite de faits divers dans lesquels les roms n’étaient aucunement impliqués ni mêlés. Ils sont donc bien choisis, sur de seuls critères ethniques, comme boucs émissaires – pour la seule médiatisation facile de ces opérations coups de poings – au mépris de leur dignité humaine.
Nous nous indignons de voir à quel point la Préfecture de l’Hérault est soucieuse de faire du chiffre en matière d’expulsions. Elle oublie d’évaluer les réels parcours d’insertion initiés par certaines personnes. Elle interrompt ces parcours en condamnant leurs auteurs à un retour forcé vers leur pays d’origine.
Ne pas considérer leur volonté d’intégration, témoignée par leur désir de scolariser leurs enfants et de rechercher du travail, est indigne d’une civilisation développée.
Nous dénonçons les mesures particulièrement discriminantes qui ont un effet dissuasif auprès des employeurs. En effet, ceux qui, en France, voudraient embaucher des personnes d’origine roumaine ou bulgare doivent s’acquitter d’une taxe spécifique et le montage des dossiers est particulièrement ardu et long.
Nous rappelons que si ces personnes ont choisi de venir en France, s’est parce que leurs conditions de vies dans leurs pays d’origines sont bien pires que celles qu’elles connaissent ici, et avec un espoir bien moindre pour leur avenir.
Le collectif : ATD Quart Monde, Fondation Abbé Pierre, Ligue des droits de l’Homme, Médecins de Monde, MRAP, Secours Catholique, Voisins et Citoyens en Méditerrannée.
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