Communiqué LDH
Le ministre de l’Intérieur poursuit pour diffamation contre une administration publique des citoyens qui avaient assimilé, dans un communiqué de presse, la « chasse aux enfants », effectuées par la police pour pouvoir expulser les parents, à celle pratiquée sous l’Occupation.
Dans un communiqué de presse en date du 12 février intitulé « Les Baleiniers » (faisant ainsi référence aux chasseurs qui s’en prenaient aux baleineaux pour attraper leur proie), Jean-Christophe Berrier et Muriel El Kolli, du collectif Soif d’utopies, ainsi que Abd-El-Kader Aït-Mohamed et Chantal Beauchamp, du RESF 37, faisaient part, au nom de leurs deux organisations, des soupçons qu’ils avaient de l’utilisation du fichier scolaire « Base-élèves » pour le repérage des enfants sans papiers et de leurs parents, compte tenu des conditions d’arrestations effectuées en Ille-et-Vilaine et en Guyane.
Le 3 décembre 2010, et après une première audience qui s’est tenue le 16 septembre, ces quatre personnes comparaissent devant le tribunal correctionnel de Tours. Mais n’est-il pas paradoxal que ce soit sur plainte d’une personne qui est déjà elle-même condamnée pour incitation à la haine et au racisme ? Car c’est bien de Brice Hortefeux qu’il s’agit, le ministre de l’Intérieur et maintenant de l’Immigration.
Si les comparaisons avec le régime de Vichy, inspirées à certains par la politique actuelle d’immigration, facilitent l’ouverture des procédures, le véritable objectif des poursuites judiciaires n’est pas l’honneur perdu d’un ministre. L’intimidation, les menaces, les lourdes amendes visent à empêcher toute interrogation sur l’utilisation possible de certains fichiers, toute critique de la politique d’immigration et à briser tout élan de solidarité envers les migrants. Moins de social, plus de pénal : tel est le point cardinal de l’action gouvernementale.
Dans la continuité de son opposition au délit d’outrage et au délit de solidarité, la LDH soutient les personnes poursuivies, et refuse la pénalisation de l’action militante. Elle demande la relaxe dans une procédure qui n’aurait jamais dû arriver en audience, si la justice n’avait pas abdiqué son indépendance devant les injonctions du pouvoir politique
Paris, le 30 novembre 2010.