Communiqué LDH
Le 25 octobre 2010, dans le village d’Aspres-sur-Buëch, Hautes-Alpes, Cindie et Farid, futurs parents, devaient se marier. Mais Farid est sans papiers. Et malgré l’appui d’un rassemblement d’amis et de militants, la police s’oppose à la tenue du mariage et Farid doit s’échapper par les toits. Le 10 novembre 2010, une soixantaine de citoyens, de militants associatifs, syndicaux et politiques, entourent les futurs mariés et franchit un imposant dispositif de gendarmerie à chaque entrée de ce village de 780 habitants. Sept agents de la police aux frontières sont également là pour l’arrestation de Farid et tentent de s’opposer, par l’utilisation de gaz lacrymogènes, à l’accès de la salle des mariages. Mais grâce à la détermination calme de tous, le mariage a lieu et, comme Farid s’y était engagé, il repart dès le lendemain du mariage en Algérie.
Quatre mois plus tard, le vendredi 4 mars 2011, Armand Giangreco le grand-père de la mariée, et Joël Brochier, un militant connu localement pour son engagement syndical et à la LDH, sont convoqués à la brigade de gendarmerie de Gap pour une pré-enquête avec comme motif « outrages, menaces, violences à agents de la force publique », accompagnée d’un prélèvement ADN dont le refus constitue un délit supplémentaire.
Le mercredi 9 mars 2011, Farid est de retour en France. Et tous les acteurs de l’affaire, héros du mariage et hérauts de la solidarité, attendent de savoir si le procureur décidera de les poursuivre en les considérant comme de dangereux criminels.
La LDH invite chacun(e) à signer la pétition de soutien. Elle demande au procureur de ne pas poursuivre. Elle attend du gouvernement qu’il ne sombre pas dans le ridicule d’un acharnement contre des amoureux et des citoyens solidaires. Quelle sécurité publique est en danger ? Quelle politique peut justifier de faire de la solidarité un délit ? A force de voir des étrangers partout, dominé par la vision eschatologique d’une sauvage invasion, le gouvernement dérive vers une extrême droite qui n’attend que le moment de récolter les fruits de cet échec politique. En bafouant les principes de la République, il s’est mis à la remorque des pires ennemis de celle-ci.
La LDH soutient toutes celles et tous ceux qui pourraient être inculpés dans une affaire où il n’y a qu’un coupable : le gouvernement responsable de la politique de l’immigration. Tragique, quand elle provoque la mort de personnes trop démunies pour en avoir peur. Inhumaine quand elle rafle y compris des familles entières pour les confiner dans des centres fermés à tout droit. Ridicule quand elle s’oppose à un tout simple mariage entre deux êtres humains.
Face à un Front national qui campe à l’orée du bois, face à un gouvernement aux abois et en échec social et politique, la LDH en appelle à l’intervention de tous les citoyen(ne)s et à la mobilisation de leurs organisations associatives, syndicales, politiques.
Paris, le 13 avril 2011.