Intervention de Maryse Artiguelong, secrétaire générale adjointe de la LDHLa LDH s’est prononcée depuis longtemps pour l’existence d’un Etat palestinien, de plein droit, dans des frontières sûres et reconnues. Parce qu’elle veut qu’on avance enfin vers cette seule solution viable, la LDH veut la reconnaissance de la Palestine en tant que membre à part entière de l’Onu, comme une étape décisive pour peser sur les rapports de force mondiaux.
Plus de soixante ans après l’adoption d’un plan de partage de la Palestine, si l’Etat d’Israël a été effectivement créé, l’Etat palestinien n’existe toujours pas. Les différentes résolutions des Nations unies sont restées lettres mortes et le peuple palestinien, en Cisjordanie comme à Gaza, continue à supporter occupation et blocus. La colonisation israélienne ne s’est jamais arrêtée, même pendant la période où les accords d’Oslo ont été appliqués. Aujourd’hui, contre toute légalité internationale, des pans entiers de la Cisjordanie sont de fait annexés et les quartiers palestiniens de Jérusalem sont rongés par une colonisation rampante parce qu’Israël a fait de cette ville sa capitale exclusive, là aussi au mépris du droit. La poursuite de la colonisation israélienne de la Palestine a conduit les négociations de paix dans l’impasse.
Dans quelques jours, l’Assemblée générale des Nations unies sera saisie d’une demande de reconnaissance de la Palestine en tant que membre de l’Onu. Cette reconnaissance ne permettra pas à elle seule de résoudre le conflit actuel ni de faire cesser l’occupation israélienne. En même temps, elle permettra de réaffirmer ce qui tend à être oublié : le droit des Palestiniens à un Etat souverain dans des frontières aussi sûres et reconnues que celles de l’Etat d’Israël.
Cette reconnaissance de la Palestine en tant qu’Etat, membre de la communauté internationale, permettra surtout de restituer aux négociations leur point de départ : les frontières de 1967, et non la politique d’annexion de fait suivie depuis plus de soixante ans par les différents gouvernements israéliens. Elle marquera que l’on ne peut continuer à considérer que la seule solution consiste à poursuivre la politique que mènent les autorités israéliennes qui ne connaissent que la force.
S’insérant dans l’immense revendication démocratique qui se lève partout dans la région, la reconnaissance d’un Etat palestinien fera des représentants du peuple palestinien des acteurs de plein droit de la communauté internationale, avec les mêmes droits mais aussi avec les mêmes responsabilités et ouvrira de nouvelles possibilités en faveur de la paix.
Car l’Etat palestinien, c’est maintenant qu’il le faut ! Le Proche-Orient est à la croisée des chemins. A l’heure où les peuples arabes reprennent en mains leur destin, la reconnaissance généralisée de l’Etat de Palestine dans les frontières d’avant la guerre de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, ouvrirait une perspective nouvelle.
Ce moment est venu. Le président Mahmoud Abbas est à New York devant la communauté internationale pour l’exhorter à prendre enfin ses responsabilités : soixante-quatre ans après l’avortement du plan de partage, il lui revient d’assurer un règlement définitif, juste et durable fondé sur le droit international.
Mais on ne peut s’en remettre aux seules autorités nationales et internationales. Notre responsabilité de citoyens est aussi de mobiliser l’opinion pour qu’elle pèse dans ce sens. C’est pourquoi nous vous invitons à vous joindre à cet appel pressant : pour empêcher de nouvelles tragédies, pour que la paix l’emporte sur la guerre, il faut assurer l’avenir des deux peuples vivant sur cette même terre, dans deux états internationalement reconnus.
La LDH, avec les collectifs qui défendent les droits des Palestiniens et qui œuvrent pour la paix entre les deux peuples, appelle le gouvernement français, l’Union européenne et ses Etats membres à soutenir de leur vote la reconnaissance par les Nations unies de l’Etat de Palestine.