En 1931, année de l’Exposition coloniale, le congrès de la LDH se réunissait à Vichy. Deux thèmes y étaient abordés : “ Le syndicalisme et l’Etat ” et “ Le problème de la colonisation ”.
Sur ce dernier thème, il s’en est suivi un débat entre les tenants d’une “ colonisation démocratique ” et les rares tenants de l’anti-colonialisme.
Soixante-dix ans après, le fait colonial et ses suites reviennent en force dans le débat public. “ L’Appel des 12 ” et le débat sur la torture en Algérie – avec récemment les déclarations d’Aussaresses – ont réveillé une mémoire enfouie pour certains, mise à jour pour les plus jeunes d’entre nous.
Il ne faut pas oublier les nombreuses victimes du colonialisme français :
-au Congo de 1921 à 1934, la construction de la ligne ferroviaire ” Congo-océan ” reliant Brazzaville à l’océan, aura coûté la vie à 20.000 ’indigènes’
-les révoltes d’Indochine de 1930 furent très durement réprimées.
-Les massacres de Sétif le 8 mai 1945 firent au moins 6.000 victimes
-L’écrasement de la révolte de Madagascar en 1947 provoqua au moins 11.000 morts
-La guerre d’Indochine commença par le bombardement de Haïphong en 1946 (6.000 victimes)
-Sans oublier tous les tirailleurs, spahis, etc. engagés de force sur les champs de bataille en 1914-1918 (66.000 morts) et tous les combattants de 1939-1945.
C’est notre devoir de rappeler à tous, jeunes et anciens, cette histoire coloniale sanglante et peu glorieuse de notre République se flattant d’être le pays des droits de l’Homme, pour permettre de tirer des leçons pour l’avenir et pour nouer de nouvelles relations avec ces peuples.
Au nom de ce devoir, un lieu doit exister où se transmettra la mémoire de ces innombrables victimes sur lesquelles pèse toujours aujourd’hui un silence de plomb.
Il y a soixante-dix ans, l’Exposition coloniale se déroulait dans le 12e arrondissement de Paris (à la Porte dorée et au Bois de Vincennes). Il en demeure certains vestiges et notamment ce qu’on appelait autrefois le “ Musée des colonies ” et aujourd’hui “ le Musée des Arts africains et océaniens ”. Celui-ci voit progressivement ses collections partir pour le Quai Branly au futur Musée des Arts premiers.
Ce lieu qui dans son architecture intérieure et extérieure, se veut la glorification de l’“ œuvre ” coloniale, pourrait être le meilleur endroit pour devenir un musée dédié à la mémoire de toutes les victimes du colonialisme.
La section du 12e demande au congrès de la LDH de soutenir sa demande pour la création d’une telle “ Maison de la mémoire coloniale et des victimes du colonialisme ”.