Communiqué LDH
La Corse est une fois de plus mise sous tension par la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs), instituée par la loi Perben II, supposée lutter contre la « criminalité organisée », et appliquée comme à son habitude avec aveuglement et brutalité.
Il faut rappeler brièvement que la Jirs autorise une utilisation de la détention provisoire qui la rend, dans les faits, sans limite ; que cette licence autorise toutes les pressions, en termes d’attente et d’éloignement familial ; qu’elle autorise enfin des témoignages anonymes, sans confrontation contradictoire. Bien évidemment, cette justice d’exception génère des pratiques de police d’exception.
Loin de présenter un bilan honorable, la Jirs contribue à exacerber les tensions dans la société, loin du développement démocratique auquel les Corses aspirent.
Aujourd’hui, plusieurs grèves de la faim se mènent en Corse pour protester contre le traitement appliqué à plusieurs prévenus : Lisandru Plasenzotti, Guy Orsoni, son père, Alain Orsoni, le maire de leur village ainsi que deux autres personnes.
C’est dire que la société civile en Corse manifeste une émotion profonde. La Ligue des droits de l’Homme est à ses côtés. Fidèle a sa mission et son histoire, elle ne se prononce pas au fond des affaires en cours mais elle dit l’impossibilité qu’il y a à se défendre dans le cadre d’une justice d’exception au fonctionnement opaque et inégal.
C’est ce qui l’amène à demander aux côtés de la commission en charge du travail sur les lois et règlements de l’Assemblée de Corse que soit tournée cette page et que la justice puisse travailler sereinement et en vérité, condition indispensable à une lutte efficace contre le crime organisé. Dans l’immédiat, la LDH demande le dessaisissement de la Jirs et le transfert des affaires au juge judiciaire local. Elle a fait de la suppression de toute juridiction d’exception l’un de ses combats permanents
Insensible à toutes les tentatives d’instrumentalisation, elle se déclare pleinement solidaire de sa section de Corse et de ses militant(e)s ; elle appelle à faire front contre toutes les tentatives d’intimidations, d’où qu’elles viennent, dirigées contre les défenseurs des droits.
Paris, le 5 mars 2011.