Communiqué du Comité de soutien à Liu Xiaobo, dont la LDH est membre
Le 4 juin 1989 vers cinq heures du matin, il y a vingt-trois ans, les chars de l’armée chinoise pénétraient sur la place Tian’anmen. Plusieurs centaines de personnes, peut-être plus de mille, ont trouvé la mort, ce matin-là. Plusieurs milliers de manifestants ont été blessés par balles.
L’ouverture économique engagée au cours des années 80 par Deng Xiaoping n’a débouché sur aucune ouverture durable vers la démocratie, ni sur aucune remise en cause du monopole du pouvoir par le parti communiste. De très nombreux citoyens courageux qui ont voulu faire la lumière sur la réalité du massacre, exigé justice pour les victimes ou demandé la révision des verdicts de condamnation, ont perdu leur travail ou restent incarcérés.
Désespérant de n’obtenir aucune réponse aux demandes réitérées des familles de victimes, le père d’un manifestant s’est pendu le 26 mai dernier.
L’Etat ne tolère aucune critique et interdit à la société civile chinoise de s’exprimer librement. Les violations des droits humains sont quotidiennes : rééducation par le travail, détention arbitraire et torture des dissidents, internements psychiatriques, répression par incarcération ou par exécution des dissidents de minorités ethniques ou religieuses, contrôle du réseau Internet, harcèlements des avocats militants des droits civiques, assignations à résidence hors de tout fondement légal. Rappelons pour mémoire la condamnation du prix Nobel de la paix Liu Xiaobo à onze ans de prison.
Le 4 juin, à Paris, Hong Kong, Londres, New York, Francfort, et dans d’autres capitales du monde, des milliers de manifestants se rassembleront pour lutter contre l’oubli et pour exprimer leur indignation. Ils se réuniront aussi pour exiger la fin des persécutions à l’encontre des acteurs les plus courageux de la société civile et de leur famille, tels que Liu Xiaobo, Hu Jia, Gao Zhisheng et bien d’autres méconnus, pour obtenir le retour au pays des manifestants exilés depuis plus de vingt ans et la réforme du système politique pour l’instauration d’une Constitution démocratique en Chine.
Une manifestation aura lieu le 3 juin 2012, de 18 à 20 heures, sur le parvis des Droits de l’Homme du Trocadéro. Elle est organisée par le mouvement démocratique chinois, soutenu par Reporters sans frontières, la Ligue des droits de l’Homme, Solidarité Chine, la Fédération internationale des ligues droits de l’Homme (FIDH), Ensemble contre la Peine de Mort, Agir pour les Droits de l’Homme, Action catholique contre la Torture, Amnesty, France-Tibet et le Comité de soutien au peuple tibétain. Les participants sont encouragés à venir manifester habillés de noir, en hommage aux victimes de la Place Tian’anmen.
Une conférence de presse sera organisée par le Comité de soutien à Liu Xiaobo, le lundi 4 juin, à 10h30, dans les locaux de Reporters sans frontières, au 47, rue Vivienne, 75002 Paris. Le dissident chinois Zhang Jian, qui a reçu, au moment du massacre, trois balles tirées par des militaires, ouvrira la conférence de presse, qui sera suivie d’une déclaration des membres du Comité de soutien à Liu Xiaobo.
Paris, le 2 juin 2012.