Ainsi qu’on pouvait le redouter et comme la LDH l’avait craint, les arrêtés municipaux imposant un couvre-feu aux mineurs fleurissent partout en France. Là c’est une commune de 4.000 habitants qui bannit les enfants ; à Nice ou à Cannes, ce sont les bords de mer qui leur sont interdits… Au-delà du ridicule dont font preuve les maires qui, par démagogie et pour des raisons politiciennes, adoptent de telles mesures, la LDH relève que nombre d’entre elles ne concernent en rien, de façon évidente, la protection des mineurs. Interdire à ceux-ci la Croisette ou la Promenade des Anglais revient à considérer que ces lieux sont des endroits dangereux, selon la jurisprudence du Conseil d’État. Inutiles, et repoussant au loin ceux qui sont déjà victimes d’une exclusion permanente, ces mesures n’ont rien à voir avec le souci annoncé d’assurer la sûreté de tous. Elles sont en fait des mesures de discriminations sociales faisant croire que les enfants des familles victimes de la fracture sociale et leurs parents dénoncés implicitement comme irresponsables seraient la cause de cette » insécurité » dont le Président de la République a fait le thème central de sa campagne électorale. Le gouvernement ne peut plus se contenter de condamner le terme de couvre-feux ; il doit prendre ses responsabilités et déférer d’urgence tous ces arrêtés devant les Tribunaux administratifs. Pour sa part, la LDH usera de tous les recours nécessaires pour mettre un terme à un processus qui ne peut conduire qu’à une aggravation des situations de discriminations génératrices de graves désordres sociaux. Paris, le 23 juillet 2001