Monsieur le Président, J’ai bien reçu votre lettre en date du 15 mars exposant les préoccupations de diverses organisations rattachées à la Ligue des droits de l’Homme concernant la situation au Proche-Orient et vous en remercie. A de très nombreuses reprises depuis le déclenchement de la crise actuelle entre Israéliens et Palestiniens, le gouvernement français a exprimé la vive inquiétude que lui inspire l’engrenage de la violence qui se développe dans cette région. II a dénoncé le recours disproportionné à la force, les violations du droit international humanitaire et la détérioration des conditions de vie dans les Territoires palestiniens, mais aussi la multiplication des actes à caractère terroriste visant la population israélienne. II a sans relâche appelé les parties au sens de leurs responsabilités et à la retenue pour mettre un terme à la violence. L’État d’Israël ne pourra pas garantir la sécurité de ses citoyens par la seule force armée et les Palestiniens ne pourront obtenir l’État auquel ils aspirent légitimement par la terreur. Seul le retour à la table des négociations et le dialogue pourront tracer une perspective politique permettant d’aboutir à une solution juste et durable pour l’ensemble des peuples de la région. C’est cette approche que la France entend défendre, pour le plus grand intérêt des Palestiniens et d’Israël. Dans cet esprit, la France poursuit les efforts entrepris depuis de nombreuses années en faveur de l’établissement d’une paix juste et durable au Proche-Orient. Elle a au cours des derniers mois soumis aux parties et aux pays les plus impliqués dans la recherche d’une solution des propositions pour restaurer une perspective politique. Plus récemment, elle a accueilli favorablement l’initiative du Prince héritier Abdallah d’Arabie Saoudite, qui a été endossée par l’ensemble des Etats de la Ligue arabe lors du Sommet de Beyrouth des 27 et 28 mars derniers. Elle a activement contribué à l’adoption par le Conseil de Sécurité de l’ONU des Résolutions 1397, 1402 et 1403, qu’elle a évidemment votées. Elle soutient le réengagement des États-Unis dans la recherche d’une issue à la crise. Les autorités françaises sont également à l’origine du débat lancé depuis le début de la seconde intifadah sur l’envoi d’une mission d’observation sur les lieux des affrontements. Cette idée a depuis fait son chemin : les chefs d’État et de Gouvernement du G-8, lors du sommet de Gênes en juillet dernier, se sont prononcés en faveur d’un mécanisme impartial de surveillance dans l’intérêt des deux parties. Plus récemment, la France a plaidé, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères convoquée dans l’urgence par la Présidence espagnole le 3 avril dernier, pour l’envoi sans délai d’une force d’interposition au Proche-Orient. Elle continuera à faire valoir auprès de la communauté internationale et des Nations Unies tous les avantages de la mise en place d’un tel mécanisme pour assurer la sécurité des deux parties. Enfin, vous connaissez l’attachement de notre pays au respect du droit humanitaire international, au Proche Orient comme partout dans le monde. Aussi, la France continuera à faire entendre sa voix, avec constance et fermeté, pour dire le droit et appeler les deux parties au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, comme elle l’a fait lors de la convocation des hautes parties contractantes de la IVème convention de Genève sur le droit des populations civiles en temps de guerre en décembre 2001. Parallèlement, devant l’urgence humanitaire, la France s’emploie à apporter secours et assistance aux populations civiles. A ce titre, un premier convoi d’aide humanitaire vient d’être acheminé par cargo aérien, avec le concours du Comité International de la Croix Rouge, vers les Territoires palestiniens. Je vous prie, Monsieur le Président, d’agréer l’expression de ma considération. Hubert VÉDRINE Paris, le 30 avril 2002