Le projet de loi sur la sécurité intérieure est terrifiant. Il dessine les contours d’une société où les policiers font le travail des juges et peuvent violer en toute impunité les libertés individuelles, où les avocats sont tenus en lisière, où être pauvre devient un crime et où être simplement suspect fait de chacun de nous la matière de fichiers de plus en plus tentaculaires. Il sera temps de revenir sur chacune de ces dispositions, y compris sur celles qui nous sont servies en guise d’alibi, comme l’aggravation des peines en matière de racisme. Mais, dès maintenant, il faut affirmer que ce projet, lié à ceux déjà adoptés au mois d’août ou antérieurement, précipite notre pays vers une République autoritaire. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’il n’existe aucun contre pouvoir institutionnel. Le Conseil Constitutionnel vient de montrer, à l’occasion de la loi Perben, qu’il entendait faire prévaloir une démarche idéologique sur le droit. Même la composition des organes consultatifs est agencée pour faire place à des nominations dictées par les services rendus et la proximité avec le pouvoir en place. Le 5 mai 2002, le peuple français a rejeté l’idéologie de Jean-Marie Le Pen. Ce gouvernement n’a pas reçu mandat de mettre en œuvre le programme de celui-ci. La LDH en appelle à tous les citoyens et toutes les organisations à se rassembler pour s’opposer aux projets du gouvernement. Il est encore temps de dire non. Paris, le 26 septembre 2002