Des millions de personnes vivent aujourd’hui en France dans la pauvreté. Le gouvernement a décidé de s’attaquer à ceux d’entre nous qui sont dans les situations les plus fragiles. Le projet du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, propose les mesures suivantes :
· Mendier devient un délit puni de 6 mois de prison et d’une amende de 7 500 €,
· S’installer sur un terrain pour les gens du voyage devient un délit puni de 6 mois d’emprisonnement et de 3 750 € d’amende.
· Etre victime d’un réseau de prostitution et se prostituer sont punis de 6 mois de prison et de 7 500 € d’amende
· Stationner à plusieurs dans une cage d’escalier devient un délit puni de deux mois de prison et de 3 000 € d’amende.
Ces mesures nous sont présentées comme permettant de mieux assurer notre sécurité. Le gouvernement nous ment. Punir les pauvres, désigner des boucs émissaires, n’a jamais été une solution et n’amène qu’à ajouter une autre injustice à celle que constitue le fait de ne pas avoir de travail, de logement ou de vivre dans des quartiers abandonnés et sans services publics. Ce projet démontre que le gouvernement a renoncé à lutter contre la pauvreté.
Et parce qu’il faut aussi que nous marchions au pas, le gouvernement propose que la police ou la gendarmerie puissent, sans avoir à donner de raisons, nous arrêter sur le bord de la route pendant une demi-heure. Accepterons-nous, en emmenant nos enfants à l’école ou en allant faire nos courses, d’être parqués de cette manière ?
Accepterons-nous, parce que soupçonnés dans une affaire, sans jamais avoir été coupables, ou même simplement témoins d’une affaire, d’être fichés à vie, y compris génétiquement ? Savez vous que ces fichiers seront consultés lorsque nous demanderons à travailler dans de nombreux emplois et qu’on pourra refuser de vous recruter parce que vous avez été, 20 ans avant, témoins ou soupçonnés mais jamais condamnés ?
Lutter contre l’insécurité, ce n’est pas cela, ce n’est pas désigner les pauvres comme boucs émissaires et faire de chacun de nous des citoyens soumis au pouvoir discrétionnaire de l’État. Lutter contre l’insécurité, c’est bien sûr réprimer quand c’est nécessaire, mais c’est aussi prévenir, éduquer, rétablir partout tous les services publics, reconstruire la vie là où elle n’existe plus et rétablir les solidarités qui ont disparu. Il faut sortir de la précarité et du chômage les quelques millions de personnes qui s’y trouvent, lutter contre toutes les discriminations qui divisent les habitants de notre pays et offrir un autre cadre de vie que des quartiers devenus des ghettos où l’on survit sans espoir. Ce ne sont pas les pauvres qu’il faut combattre, c’est la pauvreté !
28 octobre 2002.