Monsieur Dominique de Villepin
Ministre de l’Intérieur, de la Sécurité intérieure et des Libertés locales
Place Beauvau
75 800 PARIS
Paris, le 7 février 2005
Monsieur le Ministre,
J’apprends que le Préfet de Police de Paris a interdit le rassemblement prévu le 10 février 2005 pour protester contre la situation des droits de l’Homme en Iran. Cette décision n’a pu être prise sans votre aval et, plus largement, sans celui des plus hautes autorités de l’Etat.
Je devais prendre la parole à cette manifestation, tant il est naturel pour la Ligue des droits de l’Homme de rappeler l’ampleur des violations des droits de l’Homme commises par le régime iranien.
Plusieurs autres organisations françaises, de nombreuses personnalités avaient appelé à soutenir cette initiative.
Compte tenu des participants et des précédents, rien ne peut laisser envisager des atteintes à l’ordre public.
J’en déduis que cette mesure résulte d’une volonté de ne pas froisser le régime iranien.
Outre qu’il y a une certaine indécence à montrer de la complaisance à l’égard d’un régime qui torture, assassine, embastille, fait des femmes des sujets de second ordre et soumet la démocratie à un dictat religieux, l’interdiction édictée porte une atteinte évidente à la liberté de manifester.
Rien ne peut justifier cette mesure. Je vous demande instamment de revenir sur cette décision et de permettre à tous ceux, Français comme Iraniens, qui veulent dénoncer le sort réservé au peuple iranien, de s’exprimer librement.
Vous comprendrez que je rende cette lettre publique.
Je vous prie de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de ma haute considération.
Président de la LDH
Paris, le 7 février 2005