Lundi 19 septembre 2005, une délégation d’ONG, constituée de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), de Reporters sans frontières (RSF) et du Syndicat de la magistrature, accompagnée du secrétaire général de la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH), réfugié politique en France, ont été reçus par Monsieur François-Aïssa TOUAZI, conseiller au cabinet du ministre et par Monsieur Christian TESTOT, sous-directeur à la direction d’Afrique du Nord. Cette rencontre fait suite à une lettre ouverte du 7 septembre dernier, d’ONG françaises demandant une audience au ministre des Affaires étrangères, Monsieur Douste-Blazy, au sujet de la situation des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie.
Au cours de cet entretien, les organisations ont abordé en détails la très préoccupante situation des droits de l’homme en Tunisie et ont fait part de leur vive inquiétude quant à la répression, virulente et récemment accrue, contre la LTDH, le syndicat des journalistes tunisiens (SJT) et l’association des magistrats tunisiens (AMT).
Les défenseurs des libertés et des droits de l’homme en Tunisie ont, en effet, connu un mois de septembre très difficile. A commencer par une véritable machination politico-judiciaire ayant mené à l’interdiction pure et simple de la tenue du 6ème congrès de la LTDH, doyenne des organisations indépendantes de défense des droits de l’Homme dans le monde arabe. Le SJT s’est vu, lui aussi, dans l’impossibilité de tenir son congrès constitutif, alors que l’AMT est menacée de dissolution, à la suite des mutations péremptoires de certains de ses dirigeant(e)s et à la confiscation de son local.
Cette répression tous azimuts marque l’objectif du pouvoir tunisien de museler toutes les organisations indépendantes, autonomes et échappant à son contrôle, et de réduire au silence les militant(e)s défenseurs des droits de l’Homme et des libertés.
Les ONG françaises ont insisté sur l’attitude de la France, qui ne saurait se contenter, face à ce mépris flagrant des droits de l’Homme, de ses rares et timides déclarations. Tant au regard de ses relations historiques bilatérales avec la Tunisie que par rapport à ses responsabilités sur le plan européen, la France, fidèle aux valeurs démocratiques et de respect du droit humain, se doit de faire part fortement de l’inquiétude et l’indignation de l’ensemble des ONG, face à ce déferlement répressif qui bafoue tous les accords internationaux pertinents en la matière de démocratie et de droits de l’Homme.
Les représentants du ministre des Affaires étrangères ont pris note des préoccupations des organisations et ont annoncé la visite en Tunisie du ministre, Monsieur Douste-Blazy, du 30 septembre au 2 octobre prochain. Le ministre rencontrera les autorités tunisiennes lors de ce déplacement officiel, qui sera également l’occasion d’échanges avec des représentants de la société civile autonome.
Reste à espérer que, contrairement à Madame Rudi Ubeda, présidente de la délégation parlementaire européenne présente en Tunisie du 14 au 17 septembre, Monsieur Douste-Blazy saura ne pas se laisser dicter, par les autorités tunisiennes, son programme de rencontre de ces défenseurs des droits de l’Homme !
Paris, le 20 septembre 2005
Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT)
Fédération internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH)
Ligue des droits de l’Homme (LDH)
Reporters sans frontières (RSF)
Syndicat de la Magistrature