Dans des entretiens accordés au quotidien Libération et à la radio RMC, M. Gatti, policier en fonction à Metz à la police de l’air et des frontières (PAF), a critiqué la politique du gouvernement en matière de reconduite à la frontière des étrangers.
« On expulse à tour de bras, déclarait-il à Libération, on fait les fonds de tiroir. On va chercher tout ce qui peut traîner comme étranger en situation irrégulière. » Ou plus loin : « Jouer avec des familles pour faire du chiffre, c’est inadmissible ».
Le constat de M. Gatti, responsable local du syndicat SGP-Force ouvrière, confirme hélas l’analyse de la Ligue des droits de l’Homme, qui relève que ces expulsions massives d’étrangers ne répondent pas aux tâches prioritaires d’une police républicaine, maintien de l’ordre public pour la police administrative et recherche de la délinquance grave pour la police judiciaire.
En fait, les expulsions d’étrangers répondent essentiellement à un objectif politique fixé par le ministère de l’Intérieur de 23 000 expulsions d’étrangers en 2005, c’est-à-dire 1/3 de plus qu’en 2004 : il s’agit de se rapprocher du programme du Front national pour des raisons dont l’intéressé ne fait pas mystère.
M. Gatti, policier intègre que son syndicat n’a pas trouvé le courage de défendre, est menacé de sanctions par son ministre : il a dit tout haut ce que de plus en plus de policiers pensent tout bas et commencent à se dire entre eux dans leurs services. Même les plus endurcis supportent difficilement d’exécuter des consignes de rafles de familles, d’enlever des enfants dans les écoles et de les voir quitter la France pour la misère et l’inconnu en emportant leurs livres et leurs cahiers comme souvenirs de notre hospitalité.
M. Sarkozy ne supporte plus ni la critique, ni la libre expression d’un représentant syndical. Il a peur que les Français sachent ce que sont concrètement les conséquences des ordres qu’il donne en leur nom. Ils le sauront quand même car nous ne nous tairons pas.
La LDH exprime sa solidarité avec l’ensemble des syndicalistes frappés, comme M. Gatti, par des mesures d’intimidation et de répression, et appelle tous les citoyens épris de justice à protester contre ce nouveau signe de la dégradation de nos libertés.
Paris, le 27 septembre 2005