Hier après-midi, le ministre de l’Intérieur, confronté à la mobilisation de plus en plus forte des enseignants, des élèves et de leurs parents contre les expulsions d’élèves sans-papiers, a annoncé qu’il s’attacherait désormais à remplir un « devoir d’humanité » en la matière.
Les actes n’ont mis que quelques heures à suivre les mots. En fin de matinée hier, Shabar et Jonas Erten, âgés de trois et de six ans, ont été arrêtés par des policiers à l’école maternelle Julien Pesche au Mans, et emmenés rejoindre leur maman au commissariat. Les militants du RESF et de
Il faut croire que les enfants Erten et leur mère constituaient une menace grave pour l’ordre public : réfugiés kurdes, arrivés de Turquie en Norvège, ils avaient osé envahir le sol français au lieu de demander l’asile à Oslo, au motif que leur grand-mère et leur tante résidaient au Mans… en situation parfaitement régulière. On le voit, leur expulsion ne pouvait attendre même la fin de l’année scolaire : selon le ministère de l’Intérieur, l’engagement pris par la circulaire d’octobre 2005 de suspendre les reconduites en cours d’année ne s’appliquerait pas aux écoles maternelles. Quant au droit à la vie familiale normale garanti par l’article 8 de la Convention européenne des droits de l’Homme, il ne pèse pas bien lourd quand on n’a que mépris pour ceux que Jean-Marie Le Pen a baptisé « droitsdel’hommistes ».
« Devoir d’humanité », disait le ministre-candidat. On sait que selon un de ses amis politiques qui l’a précédé place Beauvau, « les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ». En tout cas, la famille Erten saura désormais quel sens le gouvernement actuel de
Paris, le 7 juin 2006