Université d’automne de la LDH : Quelles sécurités dans une « société du risque » ?

Quelles sécurités dans une « société du risque » ?

 

En choisissant pour la prochaine université d’automne de la LDH de réfléchir ensemble sur « les sécurités », et de le faire dans le contexte de l’automne 2006, le Comité central propose de sortir cette question brûlante du cercle vicieux des fantasmes, des peurs et des non dits. Il s’agit d’abord, bien sûr, de ne pas réduire la sécurité au sécuritaire, c’est-à-dire de ne pas séparer « sécurité civile » et « sécurité sociale »… ce qui suppose du même coup de traiter l’une et l’autre avec le sérieux qu’elles méritent toutes deux. Mais s’en tenir là, ce qui serait déjà utile face aux caricatures et aux dérives que nous subissons, serait d’une certaine manière redire de manière plus argumentée ce que la LDH et ses partenaires en la matière ont déjà maintes fois répété. Au vu de la situation politique et sociale, il nous faut faire plus et mieux.

 

Si le « sentiment d’insécurité » domine si constamment nos sociétés (la France n’étant pas plus « exceptionnelle » ici que sur bien d’autres sujets), c’est que nous vivons une époque de déstabilisation des acquis et des certitudes qui suscite angoisses et rejets. Le compromis social dit des « Trente glorieuses » est remis en cause non seulement par la montée de la précarité de l’emploi mais aussi par la pression constante de « réformes » dont chacune s’annonce comme un nouveau recul des droits. Les progrès foudroyants de la biologie nous font entrer dans un âge de l’humanité qui verra l’Homme en capacité de modifier sa propre identité génétique et de « fabriquer » de l’humain en laboratoire, pour le meilleur ou pour le pire. La globalisation médiatique diffuse à l’échelle de la planète, chaque année ou presque, la peur devant des contaminations (« vache folle », SRAS, grippe aviaire, etc.) dont la pandémie de SIDA (qui touche le sexe et le sang, transformant des symboles du vivant en porteurs de mort) a été l’archétype. Tout cela alors que le discours sur le progrès (« comment est-ce possible au XXIème siècle, à x heures d’avion de Paris, etc. ? ») entre en collision avec un environnement de plus en plus anxiogène et suscite une demande hystérique de « risque zéro ».

 

Ces quelques exemples, non exhaustifs, suffisent à situer le rapport entre montée des politiques sécuritaires et demande de « société assurantielle ». Le gros bon sens se mêle au rêve de perfection (comme en témoignent la plupart des présentations du fameux « principe de précaution ») pour accroître la confusion et permettre l’instrumentalisation des peurs collectives.

 

C’est ce brouillard que nous souhaitons contribuer à dissiper. Comment définir aujourd’hui une « société du risque » ? Où sont les risques majeurs, et comment faire le clair dans les demandes multiformes et hétéroclites de « sécurité » ? Quelle part de risque considérons-nous comme incompressible voire souhaitable pour préserver la liberté de chacun ? Comment éclairer la raison – raison individuelle mais aussi raison collective – sans laquelle la démocratie finirait par être soluble dans la paranoïa ? Quelles sécurités adaptées au monde qui vient pouvons-nous espérer construire, et à quels prix ? Comment articuler le caractère individuel des droits que nous défendons avec la nécessité de mutualiser des « risques sociaux » dans une démocratie soucieuse d’égalité et de solidarité ? Telles sont quelques-unes des questions majeures qui seront à notre menu. On le voit, notre ambition est grande, mais la fuite devant ces enjeux majeurs est de moins en moins tolérable si nous voulons préserver nos valeurs les plus essentielles.

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