L’« humoriste » Dieudonné, après avoir longtemps proclamé lutter contre l’extrême droite, en est venu à considérer les juifs comme « une secte, une escroquerie » et à les prétendre responsables de la traite négrière. Qu’il s’affiche à la fête du Front national ne peut dès lors plus guère surprendre. Mais qu’un écrivain qui compte dans la culture martiniquaise apporte sa caution à cette pitoyable dérive ne peut qu’attrister.
La tristesse fait place à la nausée lorsqu’on voit Raphaël Confiant, d’un même mouvement, dénier à tout « Euro-Américain » (sic) une quelconque légitimité à défendre la démocratie et les droits de l’Homme… puis utiliser pour désigner les juifs le vocable d’« Innommables ».
L’ethnicisation du politique s’accompagne ici non seulement d’une nouvelle version du « choc des civilisations », dans laquelle « l’Occident » remplace « l’Orient » comme figure essentialisée de la barbarie, mais surtout du recours à un vocabulaire que « Gringoire » ou « Je suis partout » n’auraient pas désavoué et qui ne peut que susciter le dégoût.
L’enfermement communautaire conduit ainsi Raphaël Confiant, après quelques autres, à entrer sur la scène de la compétition victimaire en abandonnant toute rigueur intellectuelle et morale. Un jour c’est « l’Islam » que l’on diabolise en bloc, un autre ce sont « les Juifs » qui deviennent « innommables » : la peste raciste et antisémite contamine même des esprits que l’on aurait cru moins faibles.
La LDH appelle à refuser l’engrenage de la bêtise haineuse qui, provocation après provocation, menace le vivre ensemble et, au bout du compte, la dignité et les droits de chacun d’entre nous.
Paris, le 4 décembre 2006