Grâce à ses récentes réformes législatives, la Turquie a déjà accompli d’immenses progrès sur la voie des libertés démocratiques. Comme, à nouveau, elle s’apprête à faire voter divers amendements à sa Constitution et à son Code pénal, le Collectif souhaite que soient évités les compromis et les demi-mesures qui ne permettraient pas d’effectuer les véritables progrès attendus par
Liberté d’expression
Le Collectif est fortement préoccupé par l’absence de rigueur dans la législation turque, qui favorise l’interprétation abusive d’articles imprécis du Code pénal et des lois antiterroristes. C’est pourquoi, il est à déplorer que le gouvernement se satisfasse de telles ambiguïtés, et permette que des milieux extrémistes les utilisent pour harceler écrivains, journalistes, éditeurs, artistes et défenseurs des droits de l’Homme qui expriment pacifiquement leurs points de vue.
En 2007, plus de 260 personnes ont été inculpées pour délit d’opinion. Cinquante-cinq d’entre elles, dont 34 journalistes, ont été poursuivis à cause de l’imprécision de l’article 301 du Code pénal1[1]. Comme le gouvernement a promis « d’amender » cet article, le Collectif est préoccupé par la crainte d’y voir maintenu des ambiguïtés, et demande qu’il soit abrogé. En effet, même lorsque certains prévenus sont acquittés, comme l’a été le Prix Nobel Orhan Pamuk ou
Tortures et violences policières
Bien que les cas de tortures alléguées aient officiellement diminué en Turquie, le Collectif constate que
De toute façon, le Collectif proteste contre les nouvelles lois antiterroristes qui, par exemple, prolongent à 24 heures la garde-à-vue au secret, s’élève contre l’ambiguïté des textes, et déplore l’absence de contrôles indépendants dans les prisons, la partialité des enquêtes judiciaires et l’utilisation par les tribunaux d’aveux extorqués sous la torture.
Culture de l’impunité
Le Collectif est particulièrement préoccupé par l’indulgence des tribunaux à l’égard des agents de l’État. Une telle impunité est inacceptable, notamment, lorsqu’elle protège des forces de l’ordre qui commettent des violences, des tirs injustifiés ou des tortures. Le dernier trimestre
Le collectif est solidaire de tous les défenseurs des droits de l’Homme qui, en Turquie, se sont donné pour tâche de lutter en faveur de la paix, de la liberté et de la démocratie (
Membres du Collectif : Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT); Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (ACORT); Assemblée européenne des citoyens (AEC-HCA France) ;
1 Cet article punit de six mois à trois ans de prison tout dénigrement de « l’identité turque », expression qui discrimine toutes les minorités ethniques ou religieuses, alevi, arabes, arméniennes, chrétiennes, juives, kurdes, ainsi que les défenseurs pacifiques des droits de l’Homme, cibles de persécutions inacceptables.
Paris, le 19 mars 2008