Le centre de rétention de Vincennes vient d’être à nouveau le lieu d’événements dramatiques. Après les violences qui ont accompagné une intervention policière brutale il y a quelques mois et qui a fait l’objet d’une enquête de la Commission Citoyens Justice Police, après la mort d’un « retenu » vendredi dernier à la suite d’une crise cardiaque, un incendie a ravagé hier l’ensemble des locaux, au cours duquel plus de vingt « retenus » ont été blessés.
Avec de nombreuses autres associations de défense des droits, la Ligue des droits de l’Homme proteste depuis des mois contre les conditions inadmissibles dans lesquelles sont traités ces centaines d’étrangers qui n’ont commis aucun crime ni délit, si ce n’est le fait d’être démuni de tout y compris de papiers d’identité. Brutalités, grèves de la faim, incendie : chacun comprend que l’internement administratif pour délit de dénuement, l’absence de toute perspective de sortir de ce cauchemar, le renforcement constant de la traque administrative et policière, tout cela crée les conditions d’un désespoir qui peut pousser aux pires extrémités.
Si rien ne change dans les centres de rétention, si la politique inhumaine de chasse aux sans papiers continue à produire son lot quotidien de malheur en dépit de toute considération humaine, rationnelle voire économique, le pire est à venir. Nul ne pourra dire qu’il ne savait pas ou qu’il n’a pas voulu cela.
Quelles que soient les causes de l’incendie d’hier, qu’il appartient à la justice de déterminer en toute indépendance, la LDH considère que la responsabilité des pouvoirs publics est d’ores et déjà engagée par la succession de drames qui frappent les sans papiers internés de Vincennes.
Paris, le 23 juin 2008.