La LDH réclame depuis trente ans que le droit de vote et d’éligibilité aux élections locales soit ouvert à tous les étrangers, qu’ils ressortent ou non de pays membres de l’Union européenne. Il ne s’agit pas de compassion envers des exclus mais de la réalisation d’une pleine citoyenneté pour toutes et tous. Il s’agit certes de réparer une injustice mais surtout, d’élargir la démocratie.La France aujourd’hui peine à faire place aux jeunes, aux femmes, à sa diversité. Les décideurs politiques, massivement à cette image, semblent hélas s’en accommoder, au prétexte de la dureté des temps ou de la difficulté de l’exercice. Si les temps sont durs, il nous faut être d’autant plus forts; et s’ils sont difficiles, d’autant plus courageux.
Surtout lorsque la République affronte de malsaines ardeurs nationalistes et xénophobes de droites en mal de revanche et en soif d’hégémonie.
D’où notre inquiétude face a ce qui pourrait s’apparenter à une renoncement, enrobé d’un silence honteux. On aimerait que le gouvernement témoigne dans cette affaire d’un peu plus de cœur, de lucidité et d’allant. Pourquoi tant de précautions, de moues dubitatives ? Veut-on donner des gages ? Ce serait illusoire ! A-t-on bien mesuré du côté du gouvernement la violence des propos de dirigeants des droites ? On risque au mieux d’arrondir les échines alors même qu’il faudrait les redresser, et les têtes avec elles. Faire dos rond n’est ni une perspective ni une stratégie là où il faut courage et esprit de décision. Certains commentateurs répètent à l’envie que parler de ce droit de vote serait offrir « un parfait cheval de bataille à la droite ». Mais cette dernière ne manque pas de chevaux et elle ne se prive pas de caracoler.
Ces petits calculs de simple opportunité n’honorent ni leurs auteurs ni la démocratie. Il faut savoir affirmer qu’on n’a pas tort d’avoir raison. Si le vote des résidents étrangers est bon pour la démocratie, s’il est bon pour nos villes et nos territoires, s’il est bon pour le vivre ensemble, il faut le faire vivre.
Nous allons crier, marteler et scander ; nous allons écrire, demander rendez-vous, encore et sans cesse aux maires, conseillers généraux, députés et sénateurs ; nous allons faire la queue pour être reçus, cent fois sur le métier législatif remettre notre argumentaire, interpeller et revenir encore et encore sur le sujet. Nous allons le faire parce que nous voulons moderniser notre pays, la démocratie et obtenir le droit de vote pour tous.
Nous allons le faire avec d’autres, rassemblés derrière un texte clair et net, adressé au président de la République. Nous allons le faire parce que c’est juste et pace que l’on peut gagner. Maintenant.