On ne résume pas l’activité de la LDH, on la vit. On la vit au quotidien, par tous les bouts, sous tous ses aspects et le vertige, alors, nous saisit. Comment si peu de personnes peuvent-elles accomplir tant d’actions ? Le mélange est riche : l’histoire, tant il est vrai que l’on n’a pas plus d’un siècle sans en tirer quelques expériences ; la réflexion, puisque sur nombre de sujets de société, la LDH est la seule organisation de défense des droits à réfléchir et à s’exprimer ; l’action enfin, car ce sont bien les militants de la Ligue qui, des préfectures aux manifestations, sont là pour aider et mobiliser. Des étrangers à la situation internationale, nous sommes là, seuls ou avec d’autres, pour impulser débats et actions. Il est frappant, à cet égard, de constater combien notre activité devient inséparable d’une dimension européenne et, au moins, méditerranéenne, parfois encore plus internationale. Nous savions que notre monde devenait petit, nous en voyons les traces en bien des domaines. Et, bien sûr, surgit aussi le sentiment que nous ne faisons pas encore assez, pas le millième de ce qui serait nécessaire ou même, encore plus simplement, de ce que nous aurions envie de faire. Continuellement harcelés par l’événement, il nous reste peu de temps pour nous arrêter et prendre le temps : prendre le temps de trouver les meilleures solutions, de mieux faire, de mieux réfléchir. Pourtant, l’époque rend plus que jamais nécessaire de bannir les certitudes et de reconstruire un espoir. A la croisée des chemins, dialoguant avec les institutions, ouvrant la voie à ceux sur qui pèsent l’impossibilité de dire et de faire, la LDH reste ce lieu où chacun peut trouver sa place sans autre obligation que reconnaître l’humanité dans l’égalité de ses droits, de tous ses droits. En feuilletant ces 150 pages, on se dit qu’année après année, notre activité s’amplifie sans que nos moyens progressent aussi vite que nos ambitions. C’est à tous ceux et à toutes celles, militants, salariés ou même simples adhérents, qui permettent à la LDH d’inscrire sa présence presque partout en France, que l’on doit dire un franc merci. La LDH est une collectivité qui vit grâce à ses militants sans lesquels elle ne serait qu’une coquille vide. A l’heure où tant d’associations se tournent vers l’exercice professionnel de leur mission, la LDH continue à vérifier, chaque jour, le principe de citoyenneté, celui par lequel des hommes et des femmes donnent un peu (beaucoup…) de leur temps pour faire vivre la démocratie. Michel TUBIANA, président de la LDH