La LDH a apporté un soutien très actif à la diffusion de ce film de Bertrand Tavernier sur les « double-peine » de Lyon, sorti le 21 novembre 2001. Histoires de vies brisées continue à être projeté en 2002 à travers la France entière, et très souvent avec un débat à la clé. Texte de présentation Qui sont ces dix hommes qui ont décidé d’entamer une grève de la faim contre l’injustice de la double peine ? L’expulsion du territoire national s’ajoute en effet à la condamnation dont est passible tout délit. Les étrangers frappés d’« interdiction du territoire national » sont donc punis à double reprise, alors que l’un des grands principes du droit stipule que « nul ne peut être puni deux fois pour le même délit ». Ces vingt dernières années, cette injustice aurait concerné 17.000 personnes en France et est souvent appliquée de façon arbitraire, puisqu’il arrive que des jeunes gens ayant passé toute leur enfance en France soient expulsés dans leur « pays d’origine » avec lequel ils n’ont aucun contact, ou que des pères de famille travaillant dans notre pays depuis quarante ans voient leurs efforts d’intégration en France définitivement compromis. Depuis 1997, une campagne de protestation a été lancée, des hommes frappés d’une interdiction du territoire ont entamé une grève de la faim. C’est leur portrait que dressent les Tavernier père et fils dans ce documentaire. Bertrand Tavernier raconte le sentiment de solidarité qui l’a poussé en prendre fait et cause pour ces hommes désespérés : « Je suis parti à Lyon avec Nils. Et là j’ai rencontré des personnes extraordinaires. Ce qu’ils avaient vécu mettait en lumière tout un tissu d’injustices et de préjugés, une accumulation d’incohérences kafkaïennes dans l’application des lois et leur utilisation par les juges et les fonctionnaires. (…) La manière dont a été tourné ce film fait partie de son sujet. J’ai voulu qu’on écoute des hommes, ces femmes qu’on entend si rarement. Je n’ai pas souhaité dramatiser leurs discours, n’en retirer que les phrases les plus fortes, les plus percutantes. Une vraie écoute demande du temps, demande qu’on ne les interrompe pas à tout bout de champ. »