Le récit bouleversant du docteur Véronique Vasseur, témoignant des conditions de détention à la maison d’arrêt de la Santé, révèle enfin au grand public ce que depuis bien longtemps ceux qui connaissent l’univers carcéral dénoncent dans le silence. Même si depuis quelques années d’incontestables progrès ont été accomplis, nos prisons restent, au cœur de notre cité, un lieu d’inhumanité. Faut-il rappeler le nombre sans cesse croissant de suicides ? N’oublions pas qu’en 1974 c’est une vague de mutineries et de violences qui amena les pouvoirs publics à y améliorer les conditions de vie.
Depuis plus de cinquante ans il est affirmé que « la peine privative de liberté a pour but l’amendement et le reclassement social des détenus » mais cela ne sera possible que si l’on respecte d’abord la dignité inhérente à ces membres de la famille humaine qui sont incarcérés, qu’ils exécutent des peines, ou qu’ils soient bien trop souvent présumés innocents sous le régime de la détention provisoire.
La Ligue des droits de l’homme demande une nouvelle fois qu’il soit mis fin à une situation intolérable pour la République. Les prisons ne doivent plus être ces lieux obscurs où se déroulent dans l’ombre les faits dont la révélation spectaculaire vient de bouleverser l’opinion. L’administration pénitentiaire doit accepter que le fonctionnement quotidien de ses établissements soit soumis au regard constant et vigilant des citoyens. Il est enfin urgent de mettre en place un organisme indépendant chargé de la surveillance et du contrôle de l’univers carcéral et qui devrait être la Commission nationale de déontologie des forces de sécurité que le gouvernement doit mettre sans retard en place.
Paris, le 18 janvier 2000