La Direction générale de la santé, responsable de la santé publique, ne voit aucun problème à ce que la France soit à la remorque de la connaissance de l’infection par le VIH/sida en Europe. En effet, aucun chiffre précis sur le nombre des nouvelles contaminations n’est disponible au niveau national et le système d’information qui doit voir le jour bientôt est remis en cause.
Pourtant, la collecte de données épidémiologiques sur la séropositivité en France est indispensable pour pouvoir mettre en place une prévention généraliste, des préventions de proximité et aussi une prise en charge des personnes atteintes par le VIH au plus près de leurs besoins.
Après une crise bénéfique en juillet19 99, où les associations de lutte contre le sida et de défense des droits de l’Homme ont demandé à la Direction générale de la santé de revoir la méthode de déclaration obligatoire afin que l’anonymat des personnes soit véritablement protégé, un comité de pilotage a été mis en place sous la présidence du Professeur Alfred Spira, président du comité scientifique de l’Institut national de veille sanitaire (InVS).
Débutés en novembre 1999, les travaux de ce comité ont regroupé des associations, des chercheurs, des responsables de l’InVS et différents représentants d’organisations professionnelles. Ils étaient sur le point d’aboutir à une conception opérationnelle d’un dispositif de déclaration obligatoire de séropositivité le 18 avril dernier. Lors de cette réunion, le Directeur général de la santé a remis en cause les éléments fondamentaux du dispositif pourtant consensuellement admis par le groupe : caractère obligatoire de la déclaration et exclusion des consultations de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) du dispositif.
Le Directeur général de la santé, en imposant de nouveaux sous-groupes de travail, a remis aux calendes grecques la mise en place du dispositif, travaillé, réfléchi en groupe pluridisciplinaire et plurisectoriel.
Quelles craintes a donc le Directeur général de la santé ?
1) Le fichage des séropositifs ? Le système proposé est un des plus sûrs d’Europe, il n’est pas question de créer un fichier nominatif dans ce dispositif. Le système proposé ne permet aucune identification possible des personnes.
2) La volonté d’exhaustivité du dispositif en incluant les CDAG ? Qu’en sera-t-il de l’anonymat immédiat réservé aux personnes qui viennent se faire dépister dans ces centres ?
3) La volonté de ne pas mettre en place un tel système ? Qu’on nous le dise tout de suite, on n’en sera pas à la première irresponsabilité de l’État en matière de santé publique et d’infection par la VIH/sida.
Paris, le 27 avril 2000
Communiqué commun Act-Up, AIDES, Ligue des droits de l’homme, Sol en Si, Sida Info Service.