Sortie le 12 mars
Le sujet du film est Braddock, une petite ville américaine de Pennsylvanie. Il montre un visage mal connu de l’Amérique, loin des grandes villes, loin aussi des banlieues qui font la force de ses entreprises de haute technologie d’aujourd’hui. Braddock, cette ville de quelques milliers d’habitants, a joué un rôle important dans l’histoire des Etats-Unis. Au XVIIIe siècle, avant l’indépendance, elle fut le lieu d’une bataille entre les armées anglaise et française, à laquelle le jeune George Washington fut mêlé. Au XIXe siècle et au XXe, elle fut le siège d’une des plus grandes aciéries du pays, appartenant à l’US Steel, la compagnie de Carnegie. L’usine a fermé dans les années 1980, et la ville est presque morte.
Le film fait alterner images d’archives, vues de la ville et interviews des habitants actuels. Ils racontent la dureté du travail industriel de jadis, la solidarité ouvrière, la dignité de leurs parents quand, licenciés, ils ont accepté des travaux déqualifiés pour élever leur famille.
Aux États-Unis comme ailleurs, les entreprises emploient et licencient leur main-d’œuvre au gré des fluctuations économiques et de la concurrence internationale. A Braddock comme ailleurs, au lieu d’anticiper sur les mutations, d’investir et de former les salariés à une reconversion, la fermeture du site est niée jusqu’au dernier moment pour éviter les conflits sociaux, la chute n’est en que plus violente.
Par différence avec l’Europe et la France, deux éléments sont particulièrement frappants. D’une part, la violence crue des mutations économiques : pas d’indemnités de chômage, de préretraite ou de mécanismes de transferts sociaux suffisants pour maintenir un minimum de revenu et d’activité – les villes fantômes sont nombreuses. D’ailleurs, les maisons sont en bois et ne sont pas faites pour durer, les gens partent à la recherche d’un emploi, ailleurs. D’autre part, la manière pragmatique et courageuse dont ceux qui sont restés doivent compter sur eux-mêmes pour survivre, qu’ils se regroupent autour d’une église ou de la municipalité, pour relancer une vie de « communauté » selon l’expression américaine. Pour être fiers de leur ville, les habitants et leurs enfants entreprennent de nettoyer la rue laissée à l’abandon…
Le film n’est pas seulement nostalgique. Il montre la souffrance et la dénonciation de l’abandon passé, l’inquiétude face à l’avenir, mais aussi la chaleur humaine et l’énergie vitale pour repartir en avant. Il peut sans doute être l’occasion de débats fructueux animés par des militants des sections de la LDH en liaison avec leurs partenaires.
Braddock America
Film documentaire, France, 2013
Durée : 1h41
Réalisation : Jean-Loïc Portron et Gabriella Kessler
Production : Program33
Distribution : ZED
Site du film : www.braddockamerica.fr