Vous avez entre vos mains la deuxième livraison de la lettre d’information « Outre-mers » éditée par la Ligue des droits de l’Homme. Mélange d’enquêtes, d’analyses et de témoignages, elle n’aurait pu voir le jour sans l’engagement des sections ultramarines de la LDH, et sans l’apport de nos amis de la Ligue de Nouvelle-Calédonie et du groupe de travail « Outre-mers » de la LDH.Si l’on voulait une fois de plus résumer la réponse faite à la constatation de la diversité, on pourrait sans doute dire que les Département d’outre-mer (Dom) et les Collectivités d’outre-mer (Com) sont des terrains de développement des discriminations et des droits d’exception : le maintien des barrages policiers illégaux en Guyane, en particulier à Irakoubo ; les manquements graves aux droits à la scolarité dans le même département ; l’immense et douloureux problème qu’est l’emploi des jeunes à la Réunion ; le permanent déni de droits que connaît Mayotte, dernier mais pourtant département français et nouvelle Région ultrapériphérique (Rup). Mais puisqu’il y a violation des droits, il y a aussi lutte pour les droits. Dans notre dossier consacré à la situation des femmes en outre-mer, nous donnons la parole aux femmes martiniquaises organisées. La Ligue des droits de l’Homme de Nouvelle-Calédonie approfondit les conceptions et les frontières de la citoyenneté en produisant et en traduisant dans toutes les langues de l’île une charte de référence dont nous savons que, dans les événements à venir qui concernent ce qui ne sera bientôt plus un territoire, elle comptera au nombre des documents de base. Et si nous avons choisi de consacrer un dossier à la situation alarmante des femmes en outre-mers, c’est non seulement parce que l’Etat lui-même en reconnaît la gravité, mais aussi parce que, pas trop loin de la célébration de la Journée internationale des droits et des luttes des femmes, il fallait mettre l’accent sur une question largement ignorée. Autre volet de cette lettre d’information : c’est en toute connaissance de cause que les associations, dont la LDH, développent des recours auprès les instances compétentes telles le défenseur des droits ou la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH). En l’espèce, nous vous proposons de faire le point sur le peu de cas qu’a fait le gouvernement français de l’arrêt de la CEDH, dit de Souza-Ribeiro, et qui a catégoriquement condamné la France parce qu’elle refuse dans les Dom, de suspendre l’expulsion du territoire quand la personne concernée fait appel. Il s’agit alors, selon la cour, d’une flagrante discrimination où l’on voit bien que la situation sociale reste marquée par des droits limités.
Pour conclure, voici un syllogisme en trois parties. Dans les Outre-mers, comme ailleurs, les droits sont universels et indivisibles. Les droits ne sont universels que s’ils sont communs à tous. En conséquence, en outre-mers, on se bat pour les droits communs pour tous. C’est ce que font, au quotidien, militantes et militants des sections de la LDH de La Réunion, de Mayotte, de la Martinique, de la Guadeloupe, de Guyane et de la Ligue de Nouvelle-Calédonie.