Paris Climat 2015 mérite que la société civile se mobilise pour que la préparation de cette conférence soit l’occasion de vrais débats publics. Le collectif Urgence climatique justice sociale (UCJS) dont la LDH est partie prenante, a adressé une lettre ouverte à Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, Pascal Canfin, ministre délégué chargé du Développement et à Philippe Martin, ministre chargé du Développement durable.Depuis le 2 avril, l’un est resté et les autres ont quitté le gouvernement. Mais la question fondamentale reste : quelle sera – alors que la prochaine conférence mondiale sur l’évolution du climat, cruciale pour l’avenir de la planète, aura lieu à Paris – la politique nationale et internationale de la France ? Puissance accueillante, la France saura-t-elle être une force de proposition et d’action ? Saura-t-elle bousculer le consensus autour de l’absence de politique ? Arrivera-t-elle à imposer la création de normes internationales contraignantes sans lesquelles le seuil d’augmentation de deux degrés au-delà duquel le réchauffement climatique est dramatiquement irréversible ? Saura-t-elle proposer un arbitrage entre les attentes différentes de pays qui sont dans des positions asymétriques en matière de développement et de pollution ? Voudra-t-elle enfin présenter les enjeux qui tournent autour des notions de durabilité et de croissance ?
Paris Climat 2015 mérite que la société civile se mobilise pour que la préparation de cette conférence (conférence qui n’a objectivement, il faut le dire, pas davantage de raisons de réussir que Copenhague ou les suivantes) ne se limite pas a une mise en scène a priori des capacités de la diplomatie française à occuper la scène des accords mondiaux, mais soit aussi l’occasion, ici et maintenant, d’imposer des débats publiques sur la politique des transports, le développement de l’habitat passif, sur la transition énergétique, la fiscalité écologique, etc.
Cette lettre ouverte, à l’initiative également d’Attac France, du Crid – dont la LDH est aussi membre – et du Rac, est signée par de nombreuses autres organisations associatives et syndicales.
Elle présente trois types d’exigences : la définition de politiques européennes réellement ambitieuses, à la veille du Conseil européen qui doit statuer sur les propositions de la commission européenne concernant le futur paquet énergie climat de l’UE, largement insuffisantes ; la mise en œuvre de politiques nationales cohérentes avec les exigences de justice climatique, de transition écologique et sociale et de solidarité internationale ; une action résolue pour dépolluer les négociations climat avec une proposition concrète en la matière en invitant le gouvernement français à étudier et soutenir une proposition visant à s’inspirer des règles de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) pour se libérer du poids des intérêts privés.
Car, en 2015, il sera peut-être trop tard pour rappeler que nulle négociation ou synthèse avec les lois de la biosphère n’est possible : « on ne négocie pas avec le climat », et c’est la préservation même de la possibilité de la vie de toute espèce sur la Terre qui est en jeu.