Le 10 mai dernier, la Ligue des droits de l’Homme participait à la commémoration de l’abolition de l’esclavage à Villers-Cotterêts. Il s’agissait évidemment de laver l’affront là où il avait été porté par un maire Front national, mêlant allègrement vérité historique et « autoflagellation ». Quatre jours plus tard, la LDH était présente sur l’esplanade des droits de l’Homme, à Paris, afin d’obtenir la libération des jeunes nigérianes enlevées par la secte Bokko Haram et menacées d’être transformées en esclaves. Le choc des événements nous rappelle à quel point ce que nous appelons l’histoire peut facilement se transformer en actualité, selon le moment ou la latitude. Il témoigne également des responsabilités qui sont celles de la LDH. Ses responsabilités renvoient à deux préoccupations ; bien évidemment l’affirmation du caractère universel et indivisible des droits. Mais également au fait que ces droits, justement parce qu’ils sont indivisibles et universels, doivent bénéficier d’une mobilisation qui, elle aussi, tende à dépasser les clivages et à fabriquer de la convergence.
Le rassemblement de Villers-Cotterêts ne visait pas à marquer un bras de fer entre arrière petits-enfants d’esclaves et un maire nostalgique d’une quelconque suprématie blanche ; il visait à condamner un projet de société, non pas avoué mais implicite, dans lequel l’égalité serait réservée et exclusive. La protestation du Trocadéro, parce que féministe, réaffirmait, au-delà de la protestation contre la barbarie, la vitalité du combat pour l’égalité partout, pour tous, ce qui suppose que cela le soit pour toutes.
C’est à ce type de rassemblement, d’actions, de réactions et de manifestations que nous entendons participer en animant notamment « Pour un avenir solidaire », initiative qui rassemble aujourd’hui une partie majeure de la société civile constituée en mouvements d’éducation populaire, en associations de défense des droits et en organisations syndicales.
Cette ambition, qui s’oppose aux mouvements et idées d’extrême droite, vise à combattre la fragmentation des réactions, à favoriser les convergences de terrains, à faire prévaloir notre esprit d’offensive sur les agressions, dont la démocratie – singulièrement dans sa dimension d’égalité – est victime.
Cet avenir solidaire est le seul qui vaille ; aujourd’hui, il passe par nos mobilisations.