A l’occasion de ces élections européennes, un certain nombre de discours, surfant sur les déceptions ou les peurs des européens, propagent des idées fausses qui ne sont en fait que des solutions dangereuses. Vivre mieux, promouvoir la justice et un progrès partagé nécessite de construire des ponts, pas des murs. Pour enrayer la course à l’austérité, aux exclusions et au morcellement, tant social qu’ethnique, notre seul choix est de faire progresser les droits de tous, ou de les perdre tous. Sortir de l’Europe ?
Pour aller où ? Ce serait s’enfermer dans des frontières pouvant déboucher sur des confrontations belliqueuses. Revenir à l’Europe « d’avant 1914 », n’est-ce pas préparer un nouveau 14-18 ?
Revenir au franc ?
Ce serait revenir à ses problèmes : dévaluations sauvages, concurrence entre monnaies européennes. Le chômage et l’exclusion en seraient encouragés alors que nous avons besoin de solidarité, de justice sociale et de démocratie ». Laisser penser que la France pourrait sortir de la « zone euro » tout en demeurant dans l’Union européenne est faux. La cour de justice a jugé en 1964 que le transfert.des compétences par les Etats « entraîne une limitation définitive de leurs droits souverains » sauf à sortir de l’Union, tel que dit à l’article 50 du traité.
Arrêtons de payer pour les autres ! Supprimons la contribution de la France au budget européen !
Malheur aux plus faibles ? Mais les citoyens, les travailleurs, les chômeurs sont en Grèce, en Espagne, au Portugal, en France et dans toute l’Union européenne, victimes de la même crise, frappés par les mêmes inégalités… Qui sera le prochain exclu ?
Faire reculer l’injustice suppose d’en combattre les causes et mettre en œuvre des politiques de solidarité en Europe entre les pays pour garantir les droits. Le budget européen est aujourd’hui ridiculement faible. Il devrait être augmenté et orienté sur d’autres priorités : lutte contre chômage et précarité, protection sociale, services publics… C’est possible à condition de faire jouer à plein les solidarités entre pays.
Fermons les frontières, expulsons les étrangers, les Roms ! La France aux Français ! « Préférence nationale » !
Les immigrés, les Roms seraient la cause de la crise financière, et donc de l’austérité et des reculs sociaux ? Dresser les individus et les peuples les uns contre les autres, c’est désigner des boucs émissaires alors que répondre aux problèmes posés au pays, à la société tout entière, nécessite d’établir qui en profite réellement, non de s’en prendre à ceux qui en souffrent.
Nous tous qui résidons, travaillons, payons des impôts (directs et indirects), nous partageons un destin et construisons l’avenir d’un même territoire. Nous ne sommes pas les ennemis les uns des autres. En butte aux mêmes injustices, nous voulons les combattre comme acteurs des mêmes solidarités.