Sortie prochainement en salle
La vie de demandeurs d’asile à hauteur d’enfants.
Sur les hauteurs d’Annecy, le Centre d’hébergement d’urgence, une ancienne colonie de vacances, domine le lac. Il accueille dans des conditions très rudes des familles venues essentiellement du Kosovo. Elles ont fui la guerre, les crimes, les vengeances. Malgré la précarité de leur situation, car l’expulsion est une menace bien réelle, les parents tentent d’y préserver un semblant de vie de famille. C’est là qu’en 2015, la réalisatrice, Manuela Frésil rencontre et commence à filmer les enfants qui y vivent en petites bandes joyeuses.
Mais rapidement, la décision du préfet tombe, le centre ferme. Les familles sont dispersées. Certaines sont temporairement relogées dans des hôtels sociaux, où l’on s’entasse dans des dortoirs, et qu’il faut quitter dès 8 heures du matin, y compris l’hiver quand il fait encore nuit, à peine avalée une soupe chaude. Pour les autres, l’errance commence. Tandis que les enfants continuent à aller à l’école dans la journée, chaque nuit les parents doivent trouver un endroit où dormir : le square du centre ville, la gare, et quand il n’y a plus d’autre solution, la rue.
Tout au long d’une année, Manuela Frésil a suivi ces familles, seule, sans équipe, avec une caméra, un micro et une voiture. A l’écran, nous verrons peu les parents, bien que nous puissions deviner ce qu’ils doivent endurer, mais les enfants, eux, apparaissent comme tous les autres enfants. En revenant de l’école, ils jouent, dessinent, font leurs devoirs, pleurent quand ils sont séparés de leurs amis. Ils se sont attachés peu à peu à la réalisatrice autant qu’elle s’est attachée à eux. Ils se mettent en scène pour elle, lui racontent leur quotidien, leurs peurs, leurs espoirs. Elle les emmène regarder s’envoler les parapentes ou faire de la luge.
Personne ne songe à rentrer au pays. Les raisons qui ont conduit au départ restent les mêmes. Ces enfants qui parlent le français comme s’ils étaient nés ici, qui connaissent les méandres administratifs auxquels se heurtent leurs parents, ont conscience de l’impasse dans laquelle l’Etat français les pousse : « Vivre cinq ans cachés, ce n’est pas possible », dit une fillette arrivée depuis un an à peine.
En filmant ces enfants que l’Etat français refuse d’accueillir, en les faisant exister devant la caméra, Manuela Frésil légitime leur présence autant à nos propres yeux qu’aux leurs et nous interroge sur la place qu’ils devraient trouver avec leur famille en France. Ce film, sans commentaire ni pathos, ouvrira des débats sur la brûlante question de l’accueil des étrangers en France.
Projection-débat le mercredi 28 octobre à 18h dans le 5e arrondissement de Paris.
Thématiques : Droits de l’enfant – Exilés/accueil – Droit d’asile
Le bon grain et l’ivraie
Film documentaire, France
Réalisation : Manuela Frésil
Durée : 1h34