La Chine introduit à Hongkong une contrerévolution totalitaire
Il faut des décennies de lutte pour obtenir la démocratie, il suffit d’une nuit pour la perdre. C’est ce qui vient de se passer à Hongkong le premier juillet et l’on en voit deux mois après, les effets désastreux. Le 30 juin 2020, lorsque le Comité permanent de l’assemblée chinoise vote la loi de Sécurité d’État pour l’ancienne colonie britannique, celle-ci jouit de l’essentiel des libertés liées à la Common Law anglaise, fille de la Magna Carta de 1215. Lors du dernier vote libre (24 novembre 2019), la population avait gagné dix-sept des dix-huit conseils de district contre les candidats pro-Beijing, montré son rejet du pouvoir installé par la Chine et nié la légitimité de celui-ci.
Le lendemain, les décisions du pouvoir et la peur qu’elles installent commencent leur travail de sape, émoussent ces libertés les unes après les autres, avant de les faire disparaître. L’été n’est pas fini et l’on en constate déjà les suites calamiteuses. Dès les premiers jours, les libraires retirent des rayons les livres hostiles au pouvoir central ; les sites internet réfractaires se taisent. La police arrête dès le premier juillet 370 personnes au nom parfois d’une loi qu’elles n’avaient pu lire. Des personnalités politiques s’exilent, craignant d’être détenues, voire enlevées pour jugement devant les tribunaux de la RPC.
La pression policière ne s’est pas relâchée depuis. Le 31 août, douze personnes, dont un garçon de 17 ans, ont été arrêtées à Kowloon lors d’une manifestation. Motifs : participation à un rassemblement interdit, agression d’un officier de police, possession d’une arme à feu factice. La police déclare : « Nous n’aurons aucune tolérance pour les actes illégaux et prendrons les mesures en conséquence ».
Le 23 août, les gardes-côtes ont rattrapé douze personnes qui s’enfuyaient sur un hors-bord à destination de Taiwan, dont le militant Andy Li arrêté le 10 août pour « collusion avec des puissances étrangères » et les autres pour leur participation aux manifestions de juin 2019 contre la loi d’extradition vers la Chine. Plus de cinquante militants démocrates avaient demandé asile à l’étranger avant que l’épidémie virale entraîne la suspension de la plupart des vols internationaux ; plusieurs centaines d’autres auraient déjà trouvé refuge à Taiwan.
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