Appel commun dont la LDH est signataire
En solidarité avec les femmes, les minorités ethniques et religieuses, les défenseurs des droits humains et toutes les personnes aujourd’hui menacées en Afghanistan, nous organisons un rassemblement dimanche 5 septembre, à 15h, place de la République à Paris.
Depuis la prise du pouvoir par les talibans le 15 août dernier, le monde assiste au basculement de l’Afghanistan dans le chaos et à celui de larges fractions de sa population dans la terreur.
Évidence confirmée s’il en était besoin par les ONG et le Haut Commissariat aux réfugiés, les femmes sont, à côté des minorités religieuses et ethniques et des personnes LGBTI ainsi que celles désignées comme ayant travaillé avec les occidentaux, les plus menacées et les principales cibles des talibans, dont tous les efforts sont tendus vers le rétablissement de l’Emirat islamique d’Afghanistan.
Car oui, ce sont bien les femmes qui ont le plus à craindre de la reprise du pays par ces fondamentalistes armés agissant au nom d’une conception dévoyée de l’Islam. Après avoir pu bénéficier dans les principaux centres urbains de deux décennies où elles purent mener des études, exercer une activité professionnelle jusque dans les emplois les plus éminents, sortir dans la rue sans chaperon ou bénéficier d’une relative liberté vestimentaire, nous savons que, pour elles, la prise du pouvoir par les talibans enclenche la dynamique d’un retour à une quasi-mort sociale.
Malgré les dires des talibans, ce que risquent à nouveau les femmes en Afghanistan, ce sont la disparition de l’espace professionnel et de la sphère politique, le reflux de la scolarisation, un espace public où elles ne pourront plus apparaître que sporadiquement et au prix de l’effacement funeste de leurs corps et de leurs visages.
Mais les femmes afghanes risquent plus que cette quasi-mort sociale. Elles risquent la mort physique lorsque, à nouveau, c’est le fouet et la lapidation qui seront appliqués à celles suspectées d’avoir commis un adultère.
Cette réalité talibane, alliée aux conservatismes de la société afghane, a d’ailleurs fait dire il y a peu à Fawzia Koofi, féministe et vice-présidente de l’Assemblée nationale afghane, que l’Afghanistan était « le pire pays du monde où naître pour une fille ».
Ces femmes, parce que femmes, et leurs enfants, sont en danger.
En ces heures où il est question des responsabilités des uns et des autres dans l’effondrement du pouvoir afghan au profit du régime islamiste des talibans, nous voudrions que les énergies et les attentions se concentrent sans faiblir sur la tragédie qui se joue en matière de droits humains pour ces femmes ainsi que pour toutes les personnes et tous les groupes que la nouvelle donne politique met en péril.
En ces heures durant lesquelles les évacuations par la France et les pays occidentaux ont largement cessé et où nous assistons au départ total de l’armée américaine du sol afghan, nous appelons à un rassemblement le dimanche 5 septembre à 15h sur la place de la République à Paris.
Féministes, antiracistes, syndicalistes, militantes et militants dans les organisations de jeunesse, membres d’organisations de défense des droits humains ou d’associations de solidarité avec le peuple afghan, nous nous rassemblerons pour exprimer deux messages simples :
– nous dirons notre solidarité avec les personnes qui, en Afghanistan, risquent une atteinte à leur intégrité morale et physique parce qu’elles seraient des femmes, qu’elles seraient désignées comme LGBTI, parce qu’elles appartiendraient à des minorités religieuses ou ethniques ou parce qu’elles seraient susceptibles d’avoir mené des activités de nature à en faire des cibles du nouveau pouvoir. Il s’agit de celles et ceux qui ont défendu les droits humains, promu l’Etat de droit, agi en faveur de l’émancipation des femmes, milité contre les obscurantismes, promu les droits sociaux fondés sur la libre délibération entre les citoyens, porté la liberté culturelle et celle de l’information…
– nous appellerons la France à prendre sa part dans l’accueil des civils afghans en danger. Au-delà, nous appelons la France à mettre tout en œuvre pour que l’ensemble de la communauté internationale assure un accueil inconditionnel des réfugiés. Cet appel est en réalité un simple rappel : celui à respecter la Convention de Genève relative au statut des réfugiés, la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre ainsi que les conventions des Nations Unies et déclarations du Conseil de l’Europe sur la protection de toutes les personnes contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Si la diplomatie française tout autant que les citoyens français pèsent bien peu sur les dimensions géopolitiques et militaires du conflit afghan, il est une chose qui relève de notre champ de compétence, en cohérence avec nos valeurs et nos combats : la solidarité internationale, en mots et en actes, alors que de nombreux individus, en Afghanistan, sont en danger évident et imminent. Il en va de notre humanité et de la cohérence dans notre combat contre l’obscurantisme et pour les droits fondamentaux.
Pour rappeler ces choses simples, ce dimanche 5 septembre, à 15h, venez et faites venir sur la place de la République à Paris.
Premiers signataires :
SOS Racisme – UEJF (Union des Étudiants Juifs de France) – CDK-F (Conseil Démocratique Kurde en France) – Ibuka France – La FAGE – SOS Homophobie – Osez le féminisme – URIF CGT – L’Assemblée des femmes – Mrap – FIDL, le syndicat lycéen – FSU – Ayeka – UNEF – Urgence Darfour – La Paix Maintenant – JCall (European Jewish Call for Reason) – Enfants d’Afghanistan et d’ailleurs – Utopia 56 – Gisti – MNL – CGT – UNL – Afghanistan Libre – CFDT – AHJ (Aide humanitaire et journalisme) – CCAF (Conseil de coordination des organisations arméniennes de France) – Grand Orient de France – La Cimade – Ligue des droits de l’Homme (LDH) – Amnesty International France