Une plainte avec constitution de partie civile vient d’être déposée en France par deux ressortissants birmans contre des responsables des sociétés Totalfinaelf SA et sa filiale birmane TEPM, pour séquestration dans le cadre du chantier de gazoduc de Yadana.
Les dirigeants de TOTALFINAELF, y compris Messieurs Thierry Desmaret et Hervé Madeo, dirigeants à l’époque des faits, sont notamment accusés par les victimes d’avoir, dès l’ouverture du chantier du gazoduc entamé par la compagnie pétrolière en Birmanie, en pleine connaissance du travail forcé dans ce pays, eu recours à des travailleurs forcés par le truchement de l’armée birmane, et ce dans leur intérêt propre. Il est en outre démontré que, dans la commission de l’infraction, le rôle des personnes visées a été déterminant et que, entre les acteurs français et birmans du projet, il y a eu simultanéité d’action et assistance réciproque.
La FIDH souligne que les violations systématiques des droits de l’Homme, en particulier le travail forcé, se sont poursuivies dans le contexte du chantier en dépit de la multiplication à l’échelle internationale des dénonciations et des mises en garde : rapport de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) paru en 1996, rapport de la Mission d’information de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale de 1999, sanction de la Commission européenne contre le régime birman par un règlement du Conseil de mars 1997 et saisine de l’Organisation international du travail (OIT).
la FIDH et la Ligue française des droits de l’Homme et du citoyen (LDH) appuient les actions consistant à demander des comptes aux dirigeants des entreprises multinationales qui, au nom d’intérêts économiques, se rendent responsables, complices ou, en tout état de cause, bénéficient de la perpétration de violations des droits de l’homme. La FIDH et la LDH soutiennent donc la plainte déposée en France contre des dirigeants du Groupe TOTAL, comme la FIDH et son affiliée belge l’avaient déjà fait concernant la plainte déposée en Belgique en avril dernier contre ce même Groupe pour complicité de crimes contre l’humanité ; ou encore s’agissant des plaintes déposées par des victimes birmanes aux Etats-Unis devant les juridictions civiles.
La FIDH et la LDH réitèrent une nouvelle fois avec force leur condamnation du projet TOTALFINAELF en Birmanie, qui ne bénéficie en aucune façon aux populations locales, et qui revient à accorder un soutien moral, politique, financier et militaire à un régime illégal, illégitime et condamné internationalement pour l’ampleur des violations des droits de l’Homme dont il se rend coupable.
Paris, le 29 août 2002